Témoignage. "Ça a été la descente aux enfers" : elle raconte la spirale du surendettement, entre honte et désespoir

Publié le Écrit par Margot Desmas et Fleur De Boer

Le surendettement des ménages est en hausse de 8%, en Isère, en 2023, notamment en raison de dettes à la consommation. Si cette situation est souvent difficile à admettre, une Grenobloise raconte comment elle s'est retrouvée étranglée par les prêts avant d'aller trouver de l'aide.

Des factures impayées qui s'accumulent, un salaire qui s'amenuise et des charges de plus en plus lourdes. Françoise* a été prise dans la spirale infernale du surendettement. Malgré un emploi stable, la Grenobloise s'est progressivement retrouvée face au mur.

"Je ne voyais plus du tout la solution", raconte-t-elle, assise face à des piles de documents listant ses dépenses devenues insoutenables. "Mon salaire se situait entre 1 600 et 1 700 euros. J'avais quatre prêts à la consommation et un prêt de remboursement, notamment pour mon achat de véhicule, donc ça faisait cinq prêts en tout" pour un montant total de 30 000 euros.

La prise de conscience a été longue pour Françoise, d'abord murée dans la honte. "J'ai attendu très longtemps avant de bouger mais je pense qu'en un an, j'avais touché le fond en me disant que j'allais forcément m'en sortir toute seule. On réduit sur l'alimentaire, on essaye de dépenser un peu moins, on demande un acompte... Mais les charges restent identiques tous les mois", résume l'Iséroise.

De mois en mois, je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune issue favorable, donc il fallait que je trouve une aide extérieure.

Françoise

Mais ses revenus s'amenuisaient de mois en mois, rendant les fins de mois impossibles et la situation inextricable. "Ca a été la descente aux enfers. On finit par ne plus en dormir, on y pense toute la journée, on rumine, on cherche des solutions qu'on ne trouve pas..."

C'est alors qu'elle s'est rapprochée du Centre communal d'action sociale (CCAS) pour redresser la barre de son budget. "De mois en mois, je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune issue favorable, donc il fallait que je trouve une aide extérieure", reconnaît Françoise qui y a trouvé un accompagnement "bienveillant".

Des ajustements ont été prévus sur le long-terme pour apurer ses dettes jusqu'au dépôt de son premier dossier de surendettement en 2018, sans régler la situation pour autant. "Au premier plan de surendettement, je me suis dit : 'C'est bon, c'est fait, je vais m'en sortir.' En fait, non. Cinq ans après, pour d'autres raisons, il a fallu de nouveau que je dépose un dossier de surendettement. Là, je me suis dit que ce n'était plus possible", confie Françoise qui a opté pour un suivi sur la durée.

Le surendettement à la hausse

"Gérer son budget, ce n'est pas inné, il n'y a pas de gêne, donc c'est important qu'on nous guide", assure-t-elle, encourageant tous ceux qui se retrouvent dans une situation financière délicate à trouver une aide extérieure. "Il faut éviter d'entrer dans ce cercle infernal, ne pas arriver à des situations qui paraissent insurmontables et ne pas attendre", conseille la Grenobloise.

Plusieurs organismes accompagnent les ménages dans le retour à l'équilibre financier, à l'image de l'Union départementale des associations familiales (Udaf) de l'Isère. "Il ne faut pas avoir honte, rassure Chloé Follot, assistante de service social à l'Udaf. Il y a des événements dans la vie qui peuvent faire qu'on a des difficultés, qu'on a dû souscrire un crédit parce qu'il y a eu un pépin et aujourd'hui, on est en difficulté par rapport à nos dépenses, on ne sait plus gérer."

Le Point conseil budget offre un soutien à tous ceux qui traversent des difficultés financières, quelle que soit leur situation. "On accompagne les familles et les personnes qui déposent un dossier tout le long de la procédure de surendettement. On peut également les accompagner après la décision de la Banque de France pour mettre en place avec eux ces décisions et réadapter le budget", complète Chloé Follot.

Le surendettement des ménages est à la hausse de 8 %, en Isère, en 2023, concernant 2 311 personnes, d'après les chiffres de la Banque de France. Une tendance similaire à celle observée au niveau national qui concerne essentiellement des personnes seules ou des familles monoparentales. Le surendettement des ménages est principalement lié à des dettes à la consommation (40 %) et des dettes immobilières (27 %).

∗ Le prénom a été modifié.

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