Témoignage. "Quand on est handicapé, travailler c'est une petite forme de liberté", Nathalie a 51 ans et est malvoyante

Publié le Écrit par Juliette Pommier

Nathalie, 51 ans, a été aide-soignante pendant près de trente ans en Isère. Depuis une reconversion avortée il y a deux ans, elle est en arrêt maladie et espère retrouver un emploi en tant que praticienne bien-être massage.

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La 27e édition de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH) débute ce lundi 20 novembre. En France, 12 millions de personnes sont touchées par un handicap. Parmi elles, 1,7 million sont malvoyantes ou aveugles, soit environ 3% de la population française.

Selon la Fédération des aveugles de France, une personne déficiente visuelle sur deux est au chômage. Après avoir travaillé pendant 28 ans en tant qu'aide-soignante à l'hôpital et en Ehpad, Nathalie, 51 ans, est en arrêt maladie depuis plus de deux ans. 

Même si tout le monde ne tolère pas le handicap, être malvoyante ne m’a jamais empêchée de travailler jusqu'à maintenant.

Arrêter sa carrière ou se reconvertir

Atteinte d'une maladie rare, Nathalie est née sans iris. "Je ne vois absolument pas de loin, un peu de près. J’ai la chance de percevoir les couleurs et de distinguer les formes, mais je suis très vite éblouie par une lumière trop forte", explique la quinquagénaire.

Au début des années 1990, bien décidée à travailler, elle se lance dans un BEP sanitaire et enchaîne avec une formation d'aide-soignante. Diplômée en 1994, elle commence sa carrière dans un Ehpad, près de son domicile à Bourgoin-Jallieu, avant de rejoindre le centre hospitalier Pierre Oudot, où elle s'occupe de la toilette des patients et leur donne leur repas.

Gagner confiance en soi, maintenir un lien social et obtenir son autonomie financière. 

Quand on est handicapé, travailler c'est une petite forme de liberté.

Mais en 2012, son acuité visuelle baisse brutalement à la suite d'une opération d'implant du cristallin. "Dès lors ma vue n'a fait que diminuer", souffle l'ancienne aide-soignante. Confrontée à un dilemme, elle doit trancher. Arrêter définitivement sa carrière ou entamer une reconversion professionnelle ? "Au travail, je devais de plus en plus utiliser l'informatique mais avec ma pathologie, c’était incompatible. Je pouvais aussi mettre en danger les patients. Mon médecin m'a déconseillé de continuer."

"C'est une charge mentale en plus"

En accord avec son employeur, Nathalie entame une formation de praticienne bien-être massage à Vichy. "Un cursus spécialement créé pour les personnes malvoyantes et aveugles." Diplôme en poche, l'ancienne aide-soignante revient à Bourgoin-Jallieu. Douche froide : l'hôpital lui propose un licenciement économique.

Je me suis fait déclarer inapte à l’exercice du métier d’aide-soignante. Je me suis sentie très seule.

Voilà maintenant deux ans que Nathalie est en arrêt maladie. Elle attend de connaître le montant exact de sa pension de retraite pour aviser quant à la suite de son avenir professionnel.

"Si ma pension n'est pas trop élevée, je pourrai m'inscrire au CAP Emploi et postuler à des offres. Rester toute la journée chez moi, seule, à ne rien faire, ce n'est pas ce dont j'ai envie. Et avec ma vue qui diminue, mes choix d’activité se réduisent : je ne peux pas lire ni regarder la télévision." 

Mais retrouver un emploi n'est pas si simple : "Travailler à temps plein serait sans doute trop contraignant ça me demanderait beaucoup de concentration et des efforts de mémorisation", souligne Nathalie. L'ancienne aide-soignante doit aussi pouvoir se rendre à pied ou en transports en commun sur son lieu de travail. "L'idéal serait d'être salariée. Sinon, je pourrais me déclarer autoentrepreneur, mais je devrais m’occuper de la logistique, de l’administratif et de la comptabilité. C’est une charge mentale en plus."

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