La Traviata n'est pas la dépravée que le titre de l'opéra de Verdi suggère. Femme libre aux moeurs légères, elle a choisi sa vie. Une femme d'aujourd'hui, moderne et intellectuelle, comme l'explique Jacques Attali, le metteur en scène de la nouvelle production de la Fabrique Opéra.
Irraisonnée, passionnée, charnelle, c'est la Traviata de Verdi, l'un des opéras les plus joués, les plus célèbres au monde. C'est l'histoire d'un amour impossible - comme souvent - mais aussi la critique d'une société bien pensante qui rejette cette femme libre, une femme bien plus sincère et plus vraie qu'on ne le croit.
Paris, 2020... Un futur proche, pour un drame très actuel. Dans ce monde de fête et d'apparat, la Traviata est reine. Belle et insolente, Violetta fascine les hommes. Elle ne se doute pas que le grand amour va croiser son chemin.... et précipiter sa fin.
"Elle est universelle, c'est une femme d'aujourd'hui", explique jacques Attali. "Ce n'est plus dans mon esprit une femme dépravée comme le suggère le titre... Une femme libre, moderne, mal vue à l'époque. Une intellectuelle, elle passe son temps à lire, et malade".
L'écrivain et éditorialiste, ancien conseiller de François Mitterand, s'essaye pour la seconde fois à la mise en scène. C'est déjà Patrick Souillot, le directeur de la Fabrique Opéra, qui lui avait donné sa chance en tant que chef d'orchestre.
Un opéra d'une grand modernité
Créé en 1853, La Traviata fait partie de la trilogie populaire de Verdi. A l'époque, la pièce surprend par la modernité de son propos. L'héroïne est une courtisane aux moeurs légères, qui assume sa vie. Verdi s'inspire à la fois de la Dame aux Camélias d'Alexandre Dumas, et de sa propre histoire. Il vit lui-même une passion contrariée avec une femme libre, contre l'avis de son père.
Très vite, La Traviata s'impose comme un succès phénoménal. En grande partie par ce qu'on appelle alors "le réalisme musical".
"Le réalisme musical c'est on pourrait dire, un costume sur-mesure" détaille Patrick Souillot. "Cela veut dire que vous avez une musique avec une tension théâtrale en totale adéquation avec ce qui se passe sur scène. A mon avis c'est pour cela que certains opéras fonctionnent aussi bien, Puccini, Verdi, Carmen..."
"Quand la dramaturgie colle aussi bien avec la musique, on est dans la dynamique extraordinaire de l'Opéra. " conclue-t-il.
Le drame de Violetta
Poussée par le père d'Alfredo, Violetta se sacrifie et quitte son amant. Rongée par la douleur et par la maladie, elle va succomber à son mal. La Traviata est un rôle hors-norme pour une soprano d'une grande maîtrise vocale et théâtrale. On raconte que la Callas, qui l'interprêtait divinement, était d'une grande pâleur, tant elle incarnait la douleur de Violetta.
"Si on veut être dans le vrai sur scène, on est obligé de toucher les petites parties de nous qui sont sensibles" confie la soprano Cécilia Arpel. "En même temps c'est pour cela que ça marche.. Du coup le spectateur rentre dans l'histoire mais en même temps en tant qu'artiste c'est fatiguant. On essaie d'être aussi généreuse qu'elle sur scène, mais on y perd toujours un peu des plumes"..."
"La Traviata" de la Fabrique Opéra, c'est à voir jusqu'au mardi 2 avril, au Summum à Grenoble.
La page culture de Céline Aubert, Florine Ebbhah et Hervé Cadet-Petit :