Grenoble célébrera, le 22 août, les 80 ans de sa libération. Pour l'occasion, des expositions sont organisées ainsi que l'édition d'une bande dessinée, scénarisée par un historien, rendant hommage aux résistants grenoblois.
"Ville héroïque à la pointe de la résistance française et du combat pour la libération." C'est par ces mots que le général de Gaulle a fait de Grenoble, par décret du 4 mai 1944, l'une des cinq communes françaises labellisées Compagnon de la Libération.
À Grenoble, des milliers de résistants ont harcelé les troupes d’occupation, malgré les nombreuses arrestations et les massacres. "Les résistants ont fait sauter le siège du PPF [le Parti populaire français, collaborationniste, NDLR], ils ont fait sauter la caserne de Bonne, ils ont fait sauter le lycée Champollion où résidaient les Allemands, ils ont fait sauter le quartier du Polygone où il y avait les munitions", liste l'historien Jean-Yves Le Naour.
800 fusillés et un millier de déportés
"C'était un courage absolument formidable", salue le scénariste du dernier tome de la collection Les compagnons de la Libération, une série de bandes dessinées conçues pour rendre hommage aux grands résistants et aux villes qui se sont élevées contre l'occupant, comme Grenoble. "Il s'agit de savoir de qui nous sommes les héritiers", résume Jean-Yves Le Naour.
L'album met en images quelques faits marquants de la résistance locale, comme le dynamitage de l’hôtel Gambetta où résidait un général italien. "Les résistants sont arrivés sur le toit et par la cheminée, ils ont descendu, avec un fil, des explosifs. Quinze minutes plus tard, ça a pété dans la chambre du général. Il s'agissait de marquer le coup, de dire que les occupants n'étaient pas les bienvenus", explique l'historien.
Mais Grenoble a payé le prix fort de son insurrection. Au total, 840 personnes ont été fusillées, plus de 2 000 tuées au combat, autant ont disparu et 1 150 ont été déportées, dont la moitié ne sont pas revenues. Tiré à 10 000 exemplaires, l’album Les Compagnons de la Libération : Grenoble (aux éditions Bamboo Eds ; 2024) est le dixième volume de la collection.
Grenoble célèbre le 80e anniversaire de sa libération
"Le but, c'est de sensibiliser des gens plutôt jeunes, des adolescents, des jeunes adultes. Mais je m'aperçois que, pendant les séances de dédicaces, il y a autant d'ados que d'adultes, autant de gens qui connaissent bien l'histoire que de gens qui la connaissent très peu", constate Philippe Tarral, le dessinateur de ce volume.
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La Ville de Grenoble a acquis 3 000 exemplaires de l'ouvrage qui seront distribués notamment aux plus jeunes "pour qu'ils s'approprient cette mémoire et qu'eux aussi, avec cette bande dessinée, diffusent cette mémoire", complète Emmanuel Carroz, adjoint au maire en charge de la mémoire, des migrations et des coopérations internationales.
"Tant qu'il y aura le risque de voir la nuit resurgir, le souvenir de la résistance sera une nécessité. Se rappeler de ces hommes et de ces femmes courageux qui ont dit non et qui ont accepté de se sacrifier pour une cause plus grande qu'eux", conclut Jean-Yves Le Naour. L'édition de cette BD s'inscrit dans le cadre de la commémoration du 80e anniversaire de la Libération de Grenoble qui sera célébré le 22 août.
