Des papyrus, vieux de près de 2000 ans, propriétés du musée Champollion à Vif (Isère), ont été confiés à une équipe de chercheurs du Synchrotron de Grenoble pour des analyses. Ils ont été passés aux rayons X qui permettent de les examiner sans les abîmer. L’objectif : en apprendre davantage sur la fabrication de ces papyrus pour mieux les conserver.
Jean-François Champollion fut l’un des premiers à percer le mystère des hiéroglyphes en 1822. Deux siècles plus tard, la famille de cet égyptologue tente de faire perdurer son travail. La maison Champollion à Vif, aujourd’hui devenue un musée, recèle de richesses. En 2017, il reçoit des fragments de papyrus ayant été utilisés par le célèbre égyptologue : "Ils étaient dans une enveloppe portant l’inscription : papyrus égyptien trouvés dans les affaires de votre grand-père. Ce sont des petits fragments intéressants pour la recherche, car nous pouvons facilement les manipuler. Et ils portent des traces d’encre noire et d’autres éléments qui ont pu être analysés," explique la conservatrice du musée, Carole Dugand.
Analyser sans détériorer le papyrus
Ces papyrus, vieux de plus de 2000 ans ont, en effet, été confiés à une équipe de chercheurs du Synchrotron de Grenoble pour des analyses. Pierre-Olivier Autran, fait partie de cette équipe, il a étudié la structure de ces papyrus. Grâce au rayon X ultra puissant du synchrotron, qui possède un accélérateur de particules dix fois plus puissants que les rayons X habituels : "C’est un rayon X qui va du millimètre jusqu’au nanomètre, donc dans notre cas on a utilisé un rayon qui fait 0.1 millimètre et donc c’est un rayon qui permet d’analyser de manière très rapide la dose et dans notre cas on arrive à démontrer qu’il n’y a pas de dédommagement des matériaux que l’on analyse," détaille le chercheur.
Ainsi, il a pu en déchiffrer les mystères, sans détériorer aucunement les échantillons : "On arrive à trouver la recette qui était utilisée à l’époque avec les différents compositions des pigments donc il y a plusieurs couleurs de la palette Egyptienne comme le bleu, le vert, le rouge, le blanc, le jaune", explique le chercheur.
Plusieurs scribes pour un seul papyrus ?
Sa thèse a été publiée récemment, elle met aussi en lumière la fabrication de ces papyrus, composés de trois couches différents, et avec probablement, le travail de plusieurs scribes : "On observe la superposition successive d’un dessin préparatoire puis ensuite différentes couleurs et à la fin un trait fait au noir de carbone et qui permet de souligner la beauté de ces fragments."
Plus de 2000 ans après, on en sait donc un peu plus sur ces papyrus. Champollion les avait ramenés lui-même d'Egypte lors de son unique campagne de recherche sur le terrain. Ils lui ont été d’une aide précieuse dans le déchiffrement de l'écriture des hiéroglyphes.
Avec cette étude, on a l’impression de revivre la fabrication des papyrus et d’en apprendre davantage sur le travail de Jean-François Champollion, c’est un ensemble de données qui permet aujourd’hui de restituer au public ce fond
Carole Dugand, conservatrice du musée Champollionà France 3 Alpes
Mais l'aventure ne se termine pas là. Un nouveau programme de recherche est lancé pour les quatre prochaines années. Il permettra de faire avancer le travail des restaurateurs et d'en apprendre encore plus sur cette écriture sacrée de l'Egypte ancienne.