Depuis plusieurs semaines, les écoles d’architecture publiques de France ont décidé d’interrompre les cours pour se faire entendre, auprès du ministère de la Culture, sur leurs conditions d’apprentissage. À Grenoble, élèves et enseignants veulent dénoncer les manques de moyens et les conditions "déplorables" dans lesquelles ils étudient.
L'ENSAG coule. C'est le slogan choc des étudiants de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble. Depuis lundi, ils sont en "semaine banalisée", sans cours, pour faciliter la mobilisation et préparer des actions de lutte : "On trouve ça très important de se mobiliser, c’est la suite de nos études et la suite du métier d’architecte qui se joue pendant cette semaine," explique Ariel Le Floch, une étudiante en deuxième année. Ils ont notamment préparé une performance qu'ils ont présentée ce vendredi midi place de Verdun à Grenoble.
![](https://assets.webservices.francetelevisions.fr/v1/assets/images/9a/d7/d1/e3ce33c9-d131-4be6-8809-d27a68855b77.jpg)
Des cours sous des parapluies
Comme symbole de l'état de leur école, ils nous ont montrées des vidéos qu’ils ont tournées eux-mêmes après la pluie. De l'eau dans les amphis, dans les couloirs, dans les salles de cours... "Au début de l’année, on m’a juste dit, tu vas voir en hiver, il fait très froid donc achète une bonne polaire. Comme si c’était tout à fait normal. On s’adapte, il y a comme un accord tacite qui dit : 'bon d’accord, on fait avec', car on a envie d’apprendre. Mais il y a un des amphis, quand il pleut, on reçoit de l’eau. Et quand ça arrive, on s’écarte, on met une bassine et on fait cours et ça, ce n’est pas normal," ajoute l'étudiante.
Les élèves ont ouvert un compte Instagram sur lequel ils publient des vidéos pour dénoncer et surtout montrer les conditions dans lesquelles ils étudient.
Voir cette publication sur Instagram
Manque de personnel
Au-delà de l'état du bâtiment construit il y a plus de 40 ans, les étudiants dénoncent des problèmes structurels. Des bâtiments exigus pour les mille élèves actuels, du personnel administratif en sous-effectif, des cours qui disparaissent.
Pour eux, il faut agir au plus vite : "Il faudrait que l’on ait le personnel administratif qui permet de suivre de manière décente les étudiants et les étudiantes aussi, il y aurait besoin d’une dotation en enseignants assez rapide pour reprendre en main ces heures que l’on n’arrive plus à faire," explique Robinson, un étudiant.
Les enseignants pâtissent eux aussi de cette situation dégradée, alors ils sont souvent solidaires de leurs étudiants : "Nous n’avons pas d’heures complémentaires, quand ça déborde, nous ne sommes pas payés donc on peut dire que les conditions dans lesquelles on travaille nous amène à être bénévoles, car on aime nos métiers, mais la passion a des limites," déplore Cécile Leonardi, maître de conférence Sciences humaines et sociales.
Ce mouvement de protestation s'inscrit dans un contexte tendu. Presque toutes les écoles d'architecture de France accusent le désengagement financier du ministère de la Culture : "Ce mouvement national permet de se rendre compte que l’on est tous dans la même situation, et on ne peut plus étudier dans ces conditions," conclut une étudiante, ajoutant que des "actions de lutte" sont prévues dans les jours à venir.