VIDEO. "Je sais pourquoi j'ai repris" : à Grenoble, un bac de la deuxième chance pour reprendre ses études

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L'Université Grenoble Alpes propose une formation pour les personnes qui n'ont pas le bac et qui souhaitent obtenir un diplôme d'accès aux études universitaires. ©France 3 Alpes / JC. Pain - F. Ceroni - C. Fayolle

L'Université Grenoble Alpes propose 400 heures de cours pour passer un diplôme équivalent au bac permettant d'accéder aux études supérieures. Un défi pour les étudiants qui doivent bien souvent concilier vie scolaire et vie professionnelle.

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Sur le campus de l'université de Grenoble-Alpes, à Saint-Martin-d'Hères (Isère), ils sont quelques dizaines à se mêler au flux des étudiants : des pères ou mères de famille, ancrés dans la vie active. Leur point commun : ils n'ont jamais passé ou eu le bac mais souhaitent reprendre des études.

C'est le cas de Marion Ferrero, 27 ans, serveuse depuis dix ans. Il y a quelques années, si on lui avait dit qu'elle allait reprendre les cours, elle n'y aurait pas cru : "Ce n'était pas ma voie, moi l'école ça ne me plaisait pas du tout. Je voulais rentrer dans la vie active, je voulais gagner ma vie. Mais maintenant je me dis qu'il vaut mieux mettre ma vie entre parenthèses quelques années pour avoir un diplôme, pour pouvoir se construire une vie un peu plus correcte derrière", dit-elle. 

Elle s'est donc inscrite pour passer son DAEU : le diplôme d'accès aux études universitaires. Sans le bac ou ce diplôme, impossible de suivre des études supérieures. Elle, qui veut devenir psychologue judiciaire, voit cette première année comme un tremplin pour accéder au métier qui lui fait envie. Elle souhaite après son DAEU s'inscrire en licence puis en master de psychologie.

Retrouver le rythme de l'école

"Je trouve que c'est super de pouvoir reprendre ses études. Il y a un test en français et en anglais pour s'inscrire, pour situer notre niveau et voir si on peut accéder au diplôme, mais ça va", assure-t-elle. "Ce qui a été le plus compliqué, c'est de retrouver la rigueur du travail à l'école, de se réinvestir là-dedans. C'est difficile les premiers temps pour retrouver le rythme de travail".

Ils sont 250 comme elle, à venir assister à ces cours du soir. Ils ont jusqu'à 400 heures de formation pour se préparer aux examens. Des études à temps plein que la plupart d'entre eux suit tout en travaillant.

Car si le coût du diplôme peut être financé par la région, par le CPF ou par l'employeur (entre 1 200 et 2 800 euros), il faut bien continuer à vivre en conciliant études et activité salariée. 

Concilier études et vie professionnelle

"Pour l'instant, je suis au chômage, et après il faudra que je trouve des boulots étudiants, donc c'est très compliqué. C'est pour ça que je dis que c'est mettre sa vie entre parenthèses. Il faudra que je fasse des extras. Ca ne me dérange pas trop parce que la restauration me manque, le contact humain avec les clients, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé mais faut jongler avec les deux : il faut s'investir à l'école, il faut s'investir au travail et il faut s'investir dans les révisions", poursuit-elle.

Des sacrifices qu'Etienne Gaudry ne regrette pas d'avoir concédés. Il fait partie de la grande majorité d'étudiants en DAEU à avoir poursuivi ses études après l'obtention de ce bac de la seconde chance. Il est désormais en master de philosophie et est devenu tuteur auprès de la promotion 2022-2023.

"Au début, je n'avais pas confiance en moi en termes d'études, je n'y croyais pas trop et peu à peu, en travaillant, on acquiert une discipline de travail. On a beaucoup d'habitudes de vie qu'il faut presque abandonner. Je voyais moins mes amis, je n'allais plus en vacances, je bossais. Mais ça valait vraiment le coup parce que j'en avais besoin. C'est une chance de pouvoir reprendre ses études à n'importe quel âge. Quel que soit le projet, ça vaut le coup. C'est très efficace comme formation. C'est aussi un défi sans doute qu'on a envie de relever face à soi-même".

80 % de taux de réussite

Peu d'entre eux abandonnent. 80 % des étudiants valident leur diplôme en fin d'année. Ensuite, la majorité enchaîne donc sur un cursus universitaire (environ 60 %), 40 % choisissent de se réinsérer dans le monde du travail en capitalisant sur ce nouveau diplôme, et en évoluant professionnellement.

David Dechenaud, le vice-président à la formation de l'Université de Grenoble-Alpes se félicite de ce taux de réussite. Il est aussi dû, selon lui, à un certain sens de la flexibilité. "Les emplois du temps sont adaptés en fin de journée à ces étudiants empêchés qui ont une vie familiale et professionnelle. C'est un challenge pédagogique aussi pour le corps enseignant, qui propose davantage de tutorats et de cours en plus petits groupes". 

De l'organisation et de la volonté, ce sont les clés de la réussite d'après ces étudiants. "Je sais ce que je veux, je sais pourquoi j'ai repris les études, du coup le parcours n'est pas le même qu'à 17 ans", conclut Marion Ferrero. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au mois de juin auprès de l'université de Grenoble-Alpes.

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