Isère : "c'est une réforme des retraites dissimulée", les gardiens de prison mobilisés contre leur changement de statut

Les personnels pénitentiaires isérois, portés par un mouvement national, mènent ce 17 février une action de blocage des prisons de Varces et de Saint-Quentin-Fallavier. L'intersyndicale appelle à une revalorisation des salaires alors qu'une réforme du statut des agents est en cours.

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Comme partout en France, la colère monte dans les centres pénitentiaires du département de l'Isère. Suite aux dernières annonces du ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, le 14 février, l'intersyndicale (UFAP UNSa Justice, CGT Pénitentiaire et SPS) appelle ce 17 février à la mobilisation des agents contre la "très médiocre grille indiciaire de fusion des grades". Une quarantaine d'entre eux participe au blocage des prisons de Grenoble-Varces et de Saint-Quentin-Fallavier. 

"Notre patron-ministre connaît parfaitement la population carcérale mais ne sait pas ce qu’est un agent pénitentiaire. Il n’a aucun respect", souffle Alain Chevallier, secrétaire général de l'UFAP-UNA au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier. En cause : l'évolution de la grille indiciaire relative à la fusion des grades de l'administration pénitentiaire. Pensée pour simplifier le passage d'un grade à un autre, la réforme en cours ressemble plutôt à "une réforme des retraites dissimulée" selon ce syndicat. 

"On s'oriente vers un passage en force"

"Cette fusion des grilles conduit à ce que la durée de carrière d’un surveillant pénitentiaire soit prolongée de 5 ans et demi en moyenne. Certains agents à deux ans de la retraite vont partir avec un indice inférieur à ce qu’ils auraient dû avoir avant la réforme", poursuit Alain Chevallier. 

Les représentants syndicaux ont annoncé que cette mobilisation ne gênerait en rien l'extraction de Nordahl Lelandais, prévue dans le cadre des réquisitions concernant l'affaire Maëlys

La fusion des grades

La réforme portée par le ministre de la Justice a pour but de rendre plus attractifs les métiers de l'administration pénitentiaire, qui souffre depuis plusieurs années d'un manque de personnel.

Parmi les mesures annoncées : la fusion des grades. Les grades de surveillant/surveillant principal et de brigadier sont fusionnés en un grade unique. Avant cela, un surveillant pouvait accéder au statut de brigadier par un processus de sélection. Dorénavant, "la carrière sera linéaire et les surveillants pourront accéder au dernier échelon sans avoir à présenter un examen." Autre changement, celui de la carrière des surveillants. "Les indices de rémunération sont augmentés au début ainsi qu'en fin de carrière."

Les décrets relatifs à la fusion des grades doivent encore être validés lors d'un comité technique ministériel (CMT) le 17 février. Malgré leur opposition (et leur boycott), les syndicats s'attendent au "passage en force" de cette réforme.

Des prisons sous tension

Pour les agents pénitentiaires c'est aussi l'occasion de rappeler la dureté de leurs conditions de travail. "Les violences, les règlements de compte et les trafics sont quotidiens." Sur une nuit, les miradors de la prison de Saint-Quentin-Fallavier ont annoncé 96 projections extérieures, seules 40 ont pu être interceptées. Parmi ces dernières, les surveillants ont prélevé "près d‘un kilogramme de cannabis, quatre téléphones et de l’alcool. Tout le reste circule en cellule." La prison compte 500 détenus pour 135 agents avec "un absentéisme moyen de 25 agents."

4.000 agents pénitentiaires dans la région

La région Auvergne-Rhône-Alpes compte au total 19 établissements pénitentiaires sous la houlette de l'Administration pénitentiaire interrégionale basée à Lyon. Cela représente sur tout le territoire 4.000 agents, 6.800 personnes détenues hébergées, 17.000 personnes en placement judiciaire.

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