La Maison bleue a vu le jour grâce à Philippe. L'ancien infirmier a imaginé une formule d'habitat partagé pour des seniors autonomes, trop fragiles pour rester seuls chez eux. Un concept qui se veut éloigné de la classique maison de retraite
En ce début novembre, Claudette emménage à la "Maison bleue". Avec sa fille, elle choisit déjà l'emplacement des photos de famille sur les murs de son petit appartement. Sa nouvelle maison est située à deux pas de son ancien domicile, qu'elle a quitté avec un pincement au cœur. Mais à 76 ans, et désormais plus fragile, il était compliqué pour elle d'y rester seule.
C'est sa fille Murielle, infirmière, qui l'a convaincue. "Ma mère a toujours été très sociable et aime partager. Ici, elle sera autonome mais pas isolée. Je trouve l'idée géniale, il y a plein de maisons de retraite qui ressemblent à des mouroirs. Je connais bien le monde médical et je n'avais pas du tout envie qu'elle finisse dans un Ehpad, mais il fallait trouver une alternative. Ici, elle a son chez soi mais si elle a un petit souci, elle peut compter sur les autres résidents qui peuvent l'aider. C'est formidable", estime-t-elle.
A l'origine du projet, Philippe, infirmier libéral pendant 30 ans. Anne, son épouse, et sa fille Juliette l'ont soutenu lors de la création, toujours un peu ardue à réaliser. "D'abord, ce qui est difficile, c'est quitter sa propre maison. C'est toujours douloureux. Ensuite, il a fallu bien expliquer le principe, faire comprendre que c'est en fait une alternative à la maison de retraite mais que ça fonctionne différemment. C'est en fait une sorte de trait d'union", explique-t-il.
Toujours est-il que sa maison a vu le jour, qu'elle existe enfin, et qu'elle peut désormais accueillir huit résidents. Et elle ressemble parfaitement à ce qu'il avait imaginé : des appartements privés et des lieux collectifs, comme le salon de télé ou de lecture, des coins où l'on peut se retrouver, partager, échanger.
La Maison sera aussi gérée par deux "maitres" de maison. Le concept est de pouvoir se retrouver chez soi, mais aussi de participer à des moments de vie commune avec une animatrice, ou de partir ensemble en ville ou en promenade.
Financièrement, la formule est moins onéreuse qu'une maison de retraite, elle va aussi bénéficier d'aides du Département pour l'habitat inclusif. Trois journées portes ouvertes sont organisées pour faire découvrir ce concept encore méconnu au grand public du 19 au 21 novembre, pour découvrir au cœur de la Mure ce principe précurseur "du mieux vivre ensemble".