Le glacier des sources de l’Isère, témoin et victime d’une planète en surchauffe

L’Isère, cette rivière aux multiples usages prend sa source au glacier des sources de l’Isère, dans le parc de la Vanoise, en Savoie. Elle traverse ensuite trois départements la Savoie, l’Isère puis la Drôme. Mais en un siècle et demi, le glacier des sources de l'Isère a perdu près de 70% de sa superficie, conséquence du réchauffement climatique.

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L’Isère, son nom peut-être trompeur. Car cette rivière prend sa source dans le massif des Alpes, en Savoie sur la commune de val d’Isère à 2800 mètres d’altitude au glacier des sources de l’Isère en dessous de la Grande Aiguille Rousse. Pour y accéder, il faut suivre un désormais faible cours d’eau qui serpente la montagne au départ de val d’Isère. Marmottes, bouquetins et chamois rythment cette ascension.

Après 2h30 de marche, le décor est grandiose : des chamois perchés au sommet de la Grande Aiguille Rousse, le glacier et un filet d’eau qui s’écoule pour former une cascade. "La source provient directement du glacier, qui s’appelle le glacier des sources de l’Isère. Ce glacier va avoir de la fusion, explique Thomas Condom, hydrologue à l'Institut des Géoscience de l'Environnement de Grenoble. Il y a à la fois de l’eau qui s’écoule du glacier, mais il y a aussi de l’eau qui s’écoule à l’interface entre la roche et le glacier et donc tout ça va sortir et donner naissance aux sources de l’Isère."

Indicateur du réchauffement climatique

Mais aussi grandiose que soit ce décor, depuis des décennies, il subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : "Le retrait glaciaire est notable, nous dit l’hydrologue, il y a plus de 150 ans, le glacier allait à 900 mètres à l’aval." En un siècle et demi, le glacier des sources de l’Isère a perdu 70 % de sa superficie. Au 19e siècle, la vallée était entièrement occupée par la glace. Aujourd’hui seul trace de la présence du glacier dans la vallée, les dépôts morainiques : « Ce sont les dépôts que forment le glacier quand il descend, ce sont des roches grises et ici en observant ces roches, on voit bien que le glacier était vraiment plus ample, il avait un plus grand volume et une plus grande surface.»

Une modification du cycle de l’eau

Mais ce réchauffement climatique a des conséquences directes sur le cycle de l’eau :"On considère souvent les montagnes comme un château d’eau, explique l’hydrologue, mais en fait ce château d’eau est fragile et il est soumis à des changements. Typiquement, le glacier qui est en train de disparaître à certains endroits va donner un stock en eau en moins et quelque part de la ressource dans nos rivières en moins. Ce qui ne va pas dire qu’il n’y aura plus d’eau, il y a d’autres compartiments qui peuvent prendre le relais comme par exemple les eaux souterraines, mais on redistribue différemment les stocks avec le réchauffement climatique, on est en train de modifier le cycle de l’eau."

Le barrage de Tignes, une régulation pour l'Isère 

Plus bas, à 1800 mètres d’altitude, depuis 1952, l’Isère se retrouve face à un mur de 180 mètres de haut, le barrage de Tignes. Ici près de 225 millions de d’eau peuvent être stockés. Si au-dessus de cette retenue le régime de l’eau est naturel, alimenté par la pluie et la neige, derrière ce barrage, l’eau est quant à elle contrôlée par l’homme pour l’irrigation des cultures et les activités touristiques.

Dans le massif de la Tarentaise entre Bourg-Saint-Maurice et Centron, où l’Isère continue sa traversée, Jérôme Ghidini, guide de rivière, propose des activités, comme le rafting. Pour l’instant, celles-ci ne sont pas encore impactées par le réchauffement climatique. Le niveau de l’eau reste élevé car les flux de la rivière sont maitrisés : "On a des accords avec EDF qui nous permettent et nous garantissent d’avoir des débits d’eau constants à partir du 1er mai jusqu’au 30 septembre. Ce sont des accords que l’on a avec eux depuis de nombreuses années avant les années 90 et on a deux lâchers d’eau par jour, un le matin et un l’après-midi."

L’Isère se poursuit sur 286 kilomètres, à Grenoble, elle rejoint le Drac pour se déverser ensuite dans le Rhône à quelques kilomètres au nord de Valence.

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