Alors que l'Isère est copieusement arrosé depuis plusieurs jours, la préfecture vient de placer le département en vigilance sécheresse ce mercredi 12 mai. Contradictoire ? Pas forcément, il va falloir encore beaucoup de temps pour combler le déficit en eau.
Alors que des pluies diluviennes s’abattent depuis plusieurs jours sur l’Isère, la préfecture vient placer le département en vigilance sécheresse.
La situation semble contradictoire, voire paradoxale : des pluies torrentielles et des sous-sols en sécheresse. Pour l’expliquer, il faut analyser l’impact de la météo dans le département depuis le début de l’année 2021.
"On est passé d'un extrême à un autre", analyse Denis Roy, responsable du centre Météo France des Alpes du Nord. L’absence de pluie au cours des mois de février et mars derniers a rendu les sous-sols arides.
Et les précipitations de janvier et mai, n’ont pas amélioré les choses. En profondeur, les sols sont fragilisés par plusieurs années de sécheresses successives.
"On est passé d'un extrême à un autre"
Pour étayer ces observations, le météorologue utilise comme outil, l’indice SWI (Soil Wetness Index) qui correspond à l’humidité des sols.
En Isère, pour ce début mai, l’indice affiche les valeurs les plus hautes enregistrées. Conséquence logique des fortes pluies. Et lorsque Denis Roy observe l’humidité des sols de la fin du mois d’avril, les valeurs sont extrêmement faible. "Pour rattraper le déficit, il va falloir du temps", ajoute-t-il.
On se dirige cette fois vers Roussillon (#Isère) où plus de 150 mm sont tombés. Les conséquences sont parfois désastreuses pour l'agriculture...
— Météo Centre-Isère (@MeteoIsere) May 11, 2021
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En surface, la pluie humidifie directement les sols. Mais dans les nappes phréatiques, le processus est plus long.
Hier encore, ce mardi 11 mai, les pompiers de l'Isère étaient fortement sollicités pour répondre au déluge d'appels concernant plusieurs inondations. Au total, 120 interventions ont été effectuées dans la journée.
Aucune mesure de restriction n'accompagne cette vigilance sécheresse
"Les épisodes de pluie permettent seulement de stopper la sécheresse en surface, mais pas de recharger les sous-sols", considère Aurélien Miguet, météorologue amateur en Isère.
Par ailleurs, il estime qu’il sera difficile d’enrayer la sécheresse, alors que le temps risque de se réchauffer de plus en plus, ces prochaines semaines.
Dans un communiqué, la préfecture de l’Isère invite à « faire preuve de civisme dans sa consommation quotidienne d’eau » et souligne qu’à ce niveau, la vigilance sécheresse « ne s’accompagne d’aucune mesure de restriction ».