80 détenus de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère se sont portés volontaires pour participer à un "job dating". Décrocher un emploi dès la sortie de prison reste le moyen le plus efficace pour échapper à la récidive.

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Rencontrer son futur employeur en plein cœur d'une prison ! On peut, c'est vrai, rêver d'un endroit plus chaleureux pour un premier contact. Un "job dating" était organisé ce jeudi 26 janvier au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier : "Le forum se tient dans cette pièce-là, juste à côté de l'Atrium".

Pour rejoindre le "forum emploi Justice" où sont venus se rencontrer offreurs et demandeurs d'emplois, pas besoin de fléchage : même après avoir passé nombre de portes et grilles blindées, des portails de sécurité...vous circulez toujours, accompagné de près. Pas de risque d'oublier de suivre le guide, qui n'est autre que le directeur de la prison. Ici, 550 personnes sont détenues, pour 400 places. "Ça fait longtemps que l'administration pénitentiaire n'est plus dans la seule logique de punition", explique Richard Boulay, le directeur, "on s'efforce de faire le maximum pour aider nos détenus à reprendre une vie normale dès leur sortie. Pour qu'ils n'aient plus envie de revenir en prison".

"Suivre les règles, ça paye"

"Il faut voir qu'ici, dans le nord Isère, nous sommes dans un bassin d'emploi très actif avec des secteurs comme celui de la logistique ou du bâtiment très en demande de main-d'œuvre. Et en face, dans cette prison, vous avez des personnes qui, souvent, n'ont pas l'habitude d'aller démarcher les entreprises pour trouver du travail. L'accompagnement qu'on leur offre dans ces "job dating" leur permet de découvrir qu'ils ont des profils qui peuvent intéresser des entreprises. Elles sont même prêtes à les embaucher. Ca leur fait voir qu'au final, suivre les règles, ça paye" 

Une vraie découverte pour Nader. Le jeune homme ressort avec un grand sourire des deux ou trois entretiens qu'il a eu ce matin là. Libéré dans 7 mois après plusieurs années de détention, il avoue avoir découvert un monde complètement nouveau : "Moi, je n'ai toujours connu que l'univers carcéral. Le domaine du travail, pour moi, c'est carrément flou. Alors, quand on nous explique un peu comment ça marche, qu'on peut nous donner un travail, et même une formation, ça nous fait une petite perspective d'avenir : un petit coup de pouce pour la sortie quoi!"

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Des job dating sont organisé plusieurs fois par an au coeur de la prison de Saint Quentin Fallavier (38). Objectif : mettre en relation employeurs en quête de personnel et détenus libérés prochainement. L'emploi utilisé comme un moyen de lutter contre la récidive. ©France 3 alpes

Ce "petit coup de pouce", les 20 employeurs venus en ce début d'année chercher leurs salariés de demain sont prêts à le donner. Ils représentent des agences d'intérim, des entreprises du bâtiment ou encore du secteur, très fourni dans le nord Isère, du transport et de la logistique. Tous ont pris l'habitude, depuis plusieurs années, de venir recruter en prison. 

Des résultats prometteurs d'avenirs sans récidive

Pour témoin, Eric Marmonier, représente dans ce forum pour l'emploi des détenus, un groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification. Baptisé Genilog, il est spécialisé dans le secteur de la logistique : "La plupart du temps, nous faisons des recrutements sans CV. Cela a été le cas pour les 10 détenus que nous avons embauchés lors des job dating organisés l'an dernier. C'est-à-dire que l'on se fout de ce que la personne a fait avant. On veut juste connaître son projet professionnel, l'accompagner et l'aider à se former. On sait très bien que les gens qui sortent de prison ont, avant tout, besoin de stabilité. Cette stabilité, nous, on leur donne, avec pour commencer un contrat de 12 mois."
En 2018, lors du précédent forum Emplois Justice (les suivants ayant été annulés pour cause de Covid), 40 prisonniers avaient obtenu des contrats de travail puis des promesses d'embauche en cas de libérations plus éloignées dans le temps.

"Entre deux forums, j'ai deux conseillères qui, plusieurs fois par an, organisent des job dating", explique pour sa part Marie-Agnès Colomb, la directrice de Pôle Emploi Villefontaine. En 2022, par exemple, ce sont 60 détenus qui ont décroché des CDD ou même des CDI. Alors, je peux vous le dire : les job dating à la prison, oui, ça marche. Ce public là aussi a droit à sa chance ! " Une chance, qu'il faut commencer d'appréhender bien en amont de la sortie de prison. "Un travail qui, une fois sorti, nous permette d'échapper aux vices de la vie", traduit Samy. Un habitué des allers-retours entre le monde du travail et l'univers carcéral. 

D'après une étude du ministère de la Justice parue l'été dernier, 33% des détenus ont récidivé dans les douze mois consécutifs à leur sortie.

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