En Isère, un cabinet vétérinaire est entièrement dédié au monde rural et aux exploitations bovines et caprines. Près de 300 élevages sont pris en charge par quatre vétérinaires, pour qui ce travail est un "métier passion".
Ce matin, comme beaucoup d'autres matinées, Olivier Ribon enfile ses bottes pour commencer sa journée dans une exploitation agricole de l'Isère. Avec trois autres collègues, il est vétérinaire dans un cabinet entièrement dédié au monde rural.
Ses journées sont partagées entre les différentes interventions dans des élevages bovins ou caprins. "On met les bottes, puis la blouse et on va voir ce qu'il y a à faire." Première opération de la journée : des analyses sanguines obligatoires sur une vingtaine de génisses : "Les prises de sang sont une partie non-négligeable de notre travail, explique-t-il, seringue à la main. Les animaux que Franck a achetés, il faut vérifier qu'ils vont rentrer sains dans son troupeau."
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Entre le vétérinaire et Franck Rigolet, l'éleveur, la relation de confiance tient sur la durée : plus de 20 ans que l'un prend soin des bêtes de l'autre. Mais depuis que le cabinet s'est agrandi, c'est comme une assurance tous risques pour l'agriculteur. D'autant plus à l'heure où plusieurs pathologies circulent parmi les cheptels.
"Aujourd'hui, partout en France, on entend des collègues qui ont des soucis pour trouver des vétérinaires. On peut donc les remercier parce qu'ils sont très présents. Il vaut mieux que je sois malade plutôt que ma vache. Parce que quand une vache est malade et qu'on les appelle, trente minutes plus tard, ils sont dans la cour", raconte Franck.
Des conditions de travail difficiles
L'idée de ce cabinet entièrement dédié au monde rural a germé il y a cinq ans. Il a fallu d'abord convaincre des praticiens engagés dans des structures mixtes, avec des animaux de ferme et des animaux domestiques pris en charge. D'autant plus que les conditions de travail sont différentes : "Le travail en rural nous fait passer beaucoup de temps dans notre voiture, ce qui n'est pas très reposant. Et on travaille 7 jours sur 7, et 24 heures sur 24, dans des conditions parfois froides et humides. C'est certainement moins confortable que de travailler dans un cabinet vétérinaire pour des animaux de compagnie."
Nous allons aussi dans une partie de l'Ain, car il n'y a plus de confrères qui s'occupent de ce secteur-là.
Olivier Ribon, docteur vétérinaire au cabinet "Vet Nord-Isère".
Analyse du lait, suivi des bêtes pour les autorités sanitaires, vente de médicaments, césariennes pendant les vêlages... L'activité est variée, avec un territoire d'action élargi. La zone d'intervention s'étend sur 4 000 kilomètres carrés autour de leur cabinet situé à La Tour-du-Pin.
Au total, plus de 300 élevages, essentiellement des bovins, sont pris en charge : "On couvre une grande partie du Nord-Isère, de l'avant-pays savoyard. Et nous allons aussi dans une partie de l'Ain, car il n'y a plus de confrères qui s'occupent de ce secteur-là."
Un "métier passion"
Jules Jeannot exerce depuis sept ans en tant que vétérinaire. Depuis un mois, il est devenu associé dans le cabinet, où il travaillait déjà. Une confirmation de sa vocation, lui qui était d'abord rattaché à un cabinet mixte : "Il y a moins ce côté mignon que l'on peut avoir avec les chiens et les chats. C'est une relation différente, surtout avec l'éleveur car nous prenons en charge son outil de travail. C'est un métier passion."
La bonne santé des vétérinaires ruraux dépend évidemment de la bonne santé de l'élevage français. Chaque année, des exploitations disparaissent, et le nombre de vaches laitières diminuent progressivement. Mais il reste, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, plus d'un million de bovins dans les champs.