La façade principale de l'église abbatiale de Saint-Antoine-l'Abbaye, vieille de 600 ans, est en travaux depuis l'automne 2020. Sa restauration, qui devait durer deux ans, est toujours en cours. Plusieurs centaines de blocs doivent être remplacés ou rénovés.
Un chantier patrimonial colossal et urgent. La restauration de la façade principale de l'église abbatiale de Saint-Antoine-l'Abbaye, classée monument historique, s'annonce plus longue et plus coûteuse pour ses financeurs.
Depuis l'automne 2020, les tailleurs de pierre redonnent une nouvelle jeunesse à cet édifice de plus de 600 ans. Mais l'état de dégradation de la pierre, de la molasse, un grès calcaire, est très avancé. Il a subi les ravages du temps et des intempéries.
"Le grès a perdu une partie de sa cohésion. Il ne reste plus que du sable en surface. Si on va en profondeur, on retrouvera de la pierre saine mais la partie saillante, les ornementations, sont altérées et condamnées à être perdues", constate Patrick Temperville, chef tailleur de pierre.
La restauration concerne toute la façade ouest de l’église abbatiale de Saint-Antoine-l’Abbaye. C’est le plus grand chantier du genre après ceux de Notre-Dame de Paris et de la cathédrale de Strasbourg. Plusieurs centaines de blocs et sculptures doivent être remplacés ou rénovés.
L'héritage des frères hospitaliers
La construction de l’église a duré plus de 200 ans, de la fin du XIIe siècle jusqu’au XVe. Cette merveille gothique rappelle l’âge d’or des frères hospitaliers, un ordre religieux qui accueillait des milliers de pèlerins de toute l’Europe et rayonnait bien au-delà.
"C'est une façade grandiose, somptueuse, qui reflète la toute-puissance de l'ordre des hospitaliers de Saint-Antoine qui rayonnaient jusqu'à Acre, jusqu'en Orient", rappelle Géraldine Mocellin, directrice du musée de Saint-Antoine-l'Abbaye.
L’ampleur du travail se mesure au temps passé pour reproduire les éléments d’origine. Six mois, par exemple, pour un bloc de pierre d’une demi-tonne qui coiffera la niche d’une statue. Il faut s’inscrire dans la lignée des bâtisseurs du Moyen Âge.
"J'ai dessiné et relevé cette pierre, donc j'ai pu me rendre compte sur place de la qualité de taille qui était parfaite. A moi d'être digne de mes prédécesseurs et fournir le meilleur travail que je peux", estime Emmanuel Bury, tailleur de pierre.
L’abbatiale vouée à Saint-Antoine retrouve peu à peu son éclat d’antan. Le chantier, prévu initialement sur deux ans et pour plusieurs millions d'euros, est financé majoritairement par le département de l'Isère.