La coopérative Oxyane, à cheval sur l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, encourage des agriculteurs à installer des panneaux solaires sur leurs bâtiments, en mutualisant les investissements. Une aide précieuse pour les paysans aux faibles moyens.
Les Alpes auraient-elles trouvé la solution pour faire taire la rengaine habituelle de la transition écologique qui coûte cher ? A cheval sur l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, la coopérative agricole Oxyane a développé un montage permettant aux agriculteurs du coin de mutualiser leurs ressources pour installer des panneaux solaires sur leurs exploitations.
"Nous avons mis les 1,8 hectares de toits de la coopérative dans une société qui sert de capital de départ, de fond de cuve", explique le directeur général d'Oxyane Georges Boixo. Une fois les panneaux installés grâce à l'investissement mutualisé, les agriculteurs sont rémunérés sur 30 ans, en mettant leur toit en location. Conséquence selon le DG : les agriculteurs "n’interpellent pas leur capacité d’investissement".
Une aubaine pour certains exploitants, qui préfèrent garder leurs fonds pour leur coeur de métier, tout en posant leur pierre dans la transition écologique du pays. "Oxyane m’a permis de franchi le pas en évitant de trop gros emprunts, en gardant une capacité d’investissement pendant les prochaines années", affirme Emmanuel Drevet, agriculteur et éleveur dans le Nord-Isère.
Les nouveaux premiers écologistes de France ?
Lui a choisi de construire un bâtiment mi-hangar à fourrage mi-centrale solaire, pour une enveloppe totale de 80 000 euros. "Pendant 15 ans, le bâtiment sera auto-financé", se félicite-t-il. Agriculteur céréalier à Saint-Chef, Jean-François Regard revend de son côté "12 000 euros par an à EDF" en électricité, grâce à ses 600 m² de panneaux flambant neufs, qu'il espère lui-aussi rembourser en 15 à 17 ans.
Il estime nécessaire cette "forme d’éco-contrbution", ce"pas vers la transition écologique, à laquelle nous agriculteurs devons participer". Pour Pierre-Emmanuel Martin, "les agriculteurs doivent être au coeur de la transition énergétique, car c'est eux qui ont le terrain, l’envie et l’organisation". Lui-même est président du groupe Terre et Lac, basé à Lyon et qui installe les panneaux solaires sur des bâtiments, dont il dirige également la construction. L'entreprise est certifiée par Oxyane, et les deux travaillent main dans la main dans cette aventure coopérative.
Une aventure en pleine expension : une quinzaine de candidatures se trouveraient actuellement sur le bureau d'Oxyane pour bénéficier du montage. Selon Pierre-Emmanuel Martin, les agriculteurs sont "déjà convaincus" de l'utilité du solaire, "il faut plutôt les accompagner", rôle rempli par Terre et Lac. Le partenariat entre l'entreprise et la coopérative a, en plus, quelque chose de rassurant pour les agriculteurs. Emmanuel Drevet estime ainsi qu'il est "intéressant de travailler avec des gens de notre secteur" géographique. L'argument local a encore le vent en poupe.
Retrouvez le reportage de Damien Borrelly, Jérôme Ducrot, Jean-Philippe Simon et Clémentine Fayolle :