Face à la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, deux boulangeries du Touvet, en Isère, sont menacées de fermeture. Les gérants tentent d'interpeller et demandent un bouclier tarifaire.
"Ça va faire 84 ans que j’habite ce village. Je vivais un peu plus bas quand j’étais petite. Qu’il n'y ait pas de boulangerie dans mon village, je trouve ça admissible", regrette une personne âgée sur le marché du Touvet, en Isère. Dans ce village de quelque 3 200 habitants situé au pied du massif de la Chartreuse, les boulangeries se comptent sur les doigts d'une main. Mais face à la hausse du prix des matières premières et l'augmentation du prix de l'énergie, deux d'entre elles pourraient bientôt fermer leurs portes.
"Moi, j’arrive largement à l‘âge de la retraite, je ne vais pas y laisser ma peau. Mais, je suis dévasté. Je me dis que j’ai perdu une partie de mon patrimoine et que mon affaire, elle ne vaut plus rien aujourd’hui", raconte Maurice Metay, artisan pâtissier chocolatier.
Des factures en nette hausse
Cela fait un an que les boulangers subissent de plein fouet la hausse du prix des matières premières : près de 40 % d’augmentation pour le beurre, 70 % pour le sucre… Et coup de massue début 2023 : le prix du kilowatt-heure a augmenté de près 400 %. La facture d'électricité de Maurice Metay est ainsi passée de 1 500 euros à 8 000 euros par mois. Les aides de l'Etat et de la Région ne suffisent pas pour alimenter, sans conséquences financières, les fours, les pétrins et les chambres froides de son commerce.
Aujourd’hui on demande un prix de l’électricité correct pour travailler, garder nos marges, nos salariés…
Frédéric Beitone, boulanger.
A quelques encablures du centre du village, la boulangerie de Frédéric Beitone ne désemplit pas. Il a pu bénéficier de 7 000 euros d’aides de l’Etat, bien maigre au regard de ses dépenses. Pour lui, la facture d'électricité devrait passer de près de 27 000 à 104 000 euros sur l'année 2023.
Il vient de renégocier son contrat en électricité pour deux ans. Mais, malgré cela, d’après ses calculs, il devrait perdre dans les 30 000 euros : "Aujourd’hui, on demande un prix de l’électricité correct pour travailler, garder nos marges, nos salariés… On demande le bouclier tarifaire, c’est 15 %. On ne demande pas d’aide supplémentaire, on demande le bouclier tarifaire pour tous", explique celui qui emploie 24 personnes dans ce village.
Face à ces contraintes, les boulangers du Touvet envisagent d’augmenter leurs prix de 5 à 10 centimes.