Elle matérialise la séparation douloureuse entre Corée du Nord et Corée du Sud. Objet de tous les fantasmes, la DMZ est aussi objet de curiosité pour les visiteurs des JO de Pyeongchang. Un voyage est organisé pour les journalistes sur cette frontière, l'une des plus sécurisées au monde.
Lorsque l'on grimpe dans le car qui vient nous chercher au petit matin à quelques mètres de notre hôtel, on se demande ce que l'on va bien pouvoir voir de cette fameuse frontière. On l'a dit ultra-sécurisée et pourtant c'est aussi une véritable "attraction touristique" qui draine des visiteurs en quête d'histoire mais aussi de "grand frisson".
Notre guide nous prévient tout de suite, nous ne nous rendons pas à Panmunjom pour voir la fameuse cabane dans laquelle les hautes autorités du Nord et du Sud se rencontrent régulièrement. La frontière court sur 248 kilomètres, et c'est à l'opposé que nous nous rendons, dans la province de ... Passé notre petite déception de ne pas voir "en vrai" les soldats des 2 Corées qui se toisent à quelques mètres seulement, nous savourons notre chance : le coin de frontière que nous allons découvrir n'est ouvert aux visiteurs qu'exceptionnellement pour les JO.
Il faut 2 heures pour apercevoir les premiers barbelés qui courent le long de la plage. Nous sommes dans l'extrême nord-est du pays, à quelques kilomètres seulement à présent de la Corée du Nord. Les militaires se font de plus en plus nombreux et notre guide commence à faire monter la tension "attention, ne prenez pas de photos des installations militaires".
Elle s'appelle Sonia et c'est elle qui nous accompagne durant cette journée. Elle nous raconte cette guerre cruelle qui a fait tant de mal aux 2 pays. Des millions de Coréens sont morts entre 1950 et 1953 et des millions d'autres ont été séparés par la frontière établie le long du 38 ème parallèle. Dans chacune des familles on a une histoire à raconter sur cette guerre : "mon grand père a gardé l'adresse de sa famille restée au nord, au cas où il pourrait retourner là-bas" explique Sonia.
La frontière n'est plus très loin mais nous irons un peu plus tard. Juste avant, nous faisons un stop au musée de la DMZ, la zone démilitarisée. Ici, dans une vitrine, est conservé le document qui a mis fin au conflit en 1953. Ce n'est pas un traité de paix mais une simple déclaration d'armistice. Techniquement, cela signifie que les 2 pays sont toujours en guerre. On découvre aussi les différents types de mines utilisées pour piéger la frontière.
La frontière, nous y sommes presque. 248 kilomètres de long et 4 kilomètres de large, 2 kilomètres gérés par le Nord et 2 kilomètres tenus par le Sud.
Si nous avions pu voler quelques clichés jusqu'à présent, c'est maintenant impossible. Pour entrer dans la zone démilitarisée, il faut changer de car et laisser ses affaires. "Vous ne prenez que vos vêtements, vous laissez vos appareils photos et vos téléphones portable" nous demande Sonia.
Un véhicule militaire nous escorte et un autre nous suit. A l'aide d'un miroir au bout d'une perche, un militaire vérifie que notre car n'est pas piégé. Nous sommes prêts, la barrière métallique peut enfin s'ouvrir, nous pénétrons dans la zone interdite.
La petite route serpente à travers les collines boisées. Ici, la végétation a clairement pris le dessus. On aperçoit régulièrement des barbelés et des miradors. La route continuent à grimper et l'on arrive à l'observatoire. D'ici, nous promet-on, on va pouvoir apercevoir les Coréens du Nord.
C'est une salle vaste aux immenses baies vitrée. D'ici, on a une vue à 360 degrés sur la région. Comme au cinéma, on nous installe face au paysage. En face de nous, c'est la Corée du Nord. Armé d'une vieille caméra de télévision, un militaire balaie l'horizon puis zoome tout à coup sur un drapeau rouge. Nous y voilà, c'est bien un drapeau nord-coréen !
La zone est déserte, aucun habitant à l'horizon. Mais qui sont ces gens captés par la caméra qui semblent sauter et même se rouler par terre ? "Ce sont des soldats" explique le militaire. Des soldats du régime de Pyeongyang à l'entraînement. Etrange impression que celle d'épier ces soldats présentés comme les "ennemis".
J'ose une question : "Et de l'autre coté, on vous observe de la même façon" ? "Oui, il y a des observatoires militaires comme celui-là, et il y a même des touristes comme vous ici" nous répond notre hôte.
Après les Jeux olympiques, les dirigeants des 2 Corées ont annoncé qu'ils se rencontreraient. Le premier pas vers le démantèlement de la DMZ ?