Dans la capitale stéphanoise, la ville met les bouchées doubles pour inciter aux dons de protections hygiéniques féminines. Il s'agit d'aider celles qui ont du mal à boucler les fins de mois et qui sont contraintes de faire face à ces obligations on ne peut plus naturelles.
Les produits d’hygiène et pour les règles sont une nécessité incontournable pour toutes. En particulier les articles de confort féminin, telles par exemple les serviettes hygiéniques et toutes les protections menstruelles.
A Saint-Etienne, la ville a pris le taureau par les cornes : dans la foulée de ses aides pour lutter contre la précarité qui se traduit déjà par des approvisionnements en articles d’hygiène au sens large, elle a inclus les protections féminines. Une opération de dons a été lancée la semaine dernière en partenariat avec l’association Règles élémentaires. Dans plusieurs lieux de la ville*, les habitants peuvent déposer leurs dons dans des bacs spécifiques.
Deux millions de femmes touchées par la précarité menstruelle en France
En France, estime le CCAS de la mairie de Saint-Etienne, deux millions de femmes n’ont pas les moyens de s’acheter des protections autant que nécessaire. C'est ce que l’on appelle la précarité menstruelle. Car si aucun chiffre récent ne précise combien une femme dépense en moyenne durant sa vie pour ces serviettes, cela tourne tout de même autour de 5 000 euros. Pas une bagatelle…
Adjoint à la mairie chargé de la cohésion sociale, Frédéric Durand souligne l’importance de cet engagement dans sa ville. Car, la collectivité stéphanoise est membre du réseau des villes inclusives et durables de l’Unesco. A ce titre, elle se doit de participer à la réduction de la précarité et de lutter contre les inégalités sociales des habitants. «Déjà, depuis de nombreuses années, nous contribuons à travailler avec le tissu associatif pour les alimenter en produits d’hygiène. Un phénomène qui a été accentué avec la crise sanitaire», précise l’élu.
Les rayons hygiène féminine parfois dévalisés
L’attente des associations est forte sur l’ensemble des produits d’hygiène, rappelle Pierre Bruneau, chargé de développement au Secours populaire français. Les articles destinés aux menstrues comptent parmi les premiers à partir dans les rayons des boutiques solidaires. Comme le dentifrice, le savon, les shampoings, les serviettes correspondent à des besoins permanents dont le coût peut être rapidement élevé pour peu qu’il y a ait deux ou trois filles dans une famille.
Provenant de dons du CCAS, ou issus des collectes des boîtes à dons, les lots ne sont pas toujours suffisants. Au point que le Secours populaire n’hésite pas à en acheter pour approvisionner les femmes qui en ont besoin. «Ce sont les articles vers lesquels les usagères se précipitent en premier. Pas que des étudiantes ou des jeunes, ça touche toutes les femmes, constate Pierre Bruneau. On a toujours du stock d’autant que ce n’est pas un produit périssable. Il n’y a pas de risques de pertes».
Les culottes menstruelles ont la cote
Pour éviter de se jeter sur ces consommables, les consommatrices commencent à s’intéresser de près aux produits durables. Les culottes menstruelles dont plusieurs marques hexagonales se sont emparées, présentent l’avantage d’être réutilisables, après lavage. Certes un peu coûteuses pour l’heure, elles constituent une alternative crédible.
Le magazine Que Choisir en a même fait un thème de test dans son dernier numéro, preuve que ces culottes, même si toutes ne sont pas de la meilleure qualité, ont un avenir. En plus d’être réutilisables, elles comportent moins de produits chimiques que les serviettes jetables. Au final, elles sont plus confortables à porter, disent les utilisatrices. Et plus économes.
(*) Dans le hall de l'Hôtel de Ville, dans les mairies de proximité, à l'accueil social de Garnier, ainsi que dans 5 structures de quartier dont l'Amicale laïque.