Réseaux sociaux, associations, clips...dans le Rhône et dans la Loire, tous les moyens sont bons pour lutter contre le harcèlement scolaire. Objectif : libérer la parole et venir en aide aux victimes.
Un problème de poids, un zozotement, un bégaiement, un handicap, une appartenance à un groupe social...la liste n'est pas exhaustive, mais le dénominateur commun est la différence.
Cette différence est pointée du doigt régulièrement, quotidiennement. Des faits répétitifs qui se transforment rapidement et de manière vicieuse en harcèlement. L'école n'y échappe pas : c'est le harcèlement scolaire.
L'association ''persécuté à la récré''
''Persécuté à la récré'' est une association née dans la Loire. Elle sensibilise à ce fléau qui touche 10% des élèves.
Elle a été créée en 2019 par six étudiantes. Aujourd'hui, ce sont deux jeunes mamans qui ont pris le relais, Nassira Latreche, en est la présidente et Lila Adbelmoumène, la vice-présidente.
''Nous n’avons pas la prétention de remplacer les instances qui sont déjà en place pour régler ce fléau, explique Lila Adbelmoumène. Nous avons vocation à être intermédiaires, c’est-à-dire que nous sommes un premier canal de communication. Nous apportons une écoute, nous rassurons soit l’enfant soit les parents. S’il y a un danger imminent pour l’enfant ou qu’il y a une situation de crise, nous les invitons à appeler le 30 20, numéro national, où les victimes sont prises en charge par des professionnels''
L'association Hugo
L’association Hugo, du nom d’une victime. Hugo a été victime de harcèlement scolaire dans son enfance.
''Mon expérience, ce qu’elle a de différent, c’est que je m’en suis sorti grâce à une passion, le cinéma et l’art dans sa généralité. Et c’est grâce à cette passion que j’ai pu tenir et surtout j’ai trouvé un moyen d’épuiser une énergie négative que j’avais emmagasinée. J’ai envie de transmettre cette expérience-là, c’est ça la clef de la réussite, de passer de stade de victime à ancienne victime de harcèlement à l’école''.
Aujourd’hui, Hugo est étudiant. Il a mis en place un cycle de formation pour les professionnels, partout en France. L'association s'est installée à Lyon fin octobre. Son but : repérer, intervenir et améliorer la prise en charge des victimes.
Dans l’Académie de Lyon, il existe une cinquantaine de formateurs accompagnateurs chargé d’améliorer le climat scolaire et de lutter contre le harcèlement.
Timothé Nadim, autiste, veut créer un réseau social pour les victimes
Timothé Nadim, originaire de Bourgoin-Jallieu, est étudiant à Lyon. Il est le référent en Isère de l'ONG "Respect zone". Lui aussi a été victime de harcèlement scolaire durant sa jeunesse.
Timothé Nadim veut aider les enfants dans cette situation. Sur Brut.media, il témoigne : ''J'étais autiste asperger à l’époque, non diagnostiqué, c'est-à-dire que personne ne savait que j’étais autiste. Je me faisais taper tous les jours. Pendant ma période au lycée j’ai eu de gros problèmes psychologiques, comme des crises d’angoisse. Je veux créer un réseau social pour lutter contre le harcèlement scolaire où les victimes peuvent témoigner et échanger de façon anonyme, car le numéro vert mis à disposition par le gouvernement reçoit majoritairement des appels d’adultes''.
De nombreuses autres associations existent. Le constat est le même un peu partout. Les victimes n'osent pas parler. Et quand elles le font, il n'y a pas toujours la réaction espérée et elles finissent par s'isoler, être en échec scolaire, voire se suicider.
La loi pourrait évoluer
Selon les chiffres de la mission d’information du Sénat sur le harcèlement scolaire, 800 000 à 1 million d’élèves seraient victimes de ce phénomène chaque année, ce qui correspondrait à plus de 10 % des élèves. En moyenne, ce sont 2 à 3 enfants ou adolescents par classe qui sont stigmatisés, malmenés, moqués et violentés.
Cette mission d'information du Sénat préconise que la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement scolaires soient érigés en grande cause nationale dès la rentrée 2022/2023
La loi punit le harcèlement scolaire, mais aussi les violences scolaires et la provocation au suicide.
L'auteur de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent des peines de prison et des amendes.
Les mesures et sanctions applicables aux mineurs de moins de 13 ans relèvent de dispositifs spécifiques.
Mais des propositions de lois sont en cours.