Pendant 20 ans, SAG France a été contracté par Renauld Trucks pour produire des pièces de l'industrie du poids-lourd, occupant 80% de son activité. Or le géant français ne renouvelle pas le contrat. L'usine en grand danger, ses ouvriers se mettent en grève.
"Ils se débarrassent de nous comme si on était rien !" Devant l'entrée de l'usine SAG France à l'Horme dans la Loire, Lanseur Zair, 51 ans, ne trouve pas ses mots. Comme ses 83 collègues en CDI et une vingtaine d'intérimaires, son emploi est menacé.
Depuis 20 ans, Renaud Trucks était le client principal de SAG France, lui faisant réaliser 80% de son activité. Tous les 4 ans le contrat était prolongé mais en septembre 2022, il ne le sera plus. L'entreprise doit rebondir si elle ne veut pas déposer le bilan.
"Je ressens plein de choses en même temps... Mon père m'a fait entrer ici quand j'avais 18 ans, j'ai fait rentrer mon fils ici. Je pensais qu'on sortirait à la retraite tous les deux mais non cela ne se passera pas comme ça", poursuit Lanseur.
Des familles en péril
"Aujourd'hui je suis pilote de ligne car je connais ma ligne par cœur depuis le temps que je travaille ici. Cela ne se reproduira pas ailleurs. Il va falloir que je retrouve du travail mais si je suis à 1 200 euros par mois je n'ai pas de quoi payer mes charges"
Un sentiment partagé par l'immense majorité de ses collègues. 99% des employés seraient en grève selon les syndicats qui ont déposé un préavis commun.
D'après Thierry Grand, délégué du personnel CFDT, la direction de SAG France est blâmable. "Cela fait un an que Renaud Trucks a décidé de ne plus travailler avec nous et un an que notre direction ne nous amène aucune solution pérenne".
Volonté de restructuration
Arrivé il y a 3 semaines (le 4 mars 2022), le nouveau président de SAG France déclare ne pas comprendre les raisons de cette grève. Même si l'entreprise devra "adapter la voilure", il avance que cela ne signifiera pas forcément une baisse des effectifs.
"Avec cette perte importante, il faut redémarrer avec de nouveaux projets. Certains sont d’ailleurs dans les tuyaux depuis plus d’un an, autour des pipelines, et nous travaillons sur la relation clients. Nous devons également lancer la prospection pour de nouveaux projets dans le domaine du matériel de défense", a-t-il déclaré à nos confrères du Progrès.
Mutation interne
Le nouveau directeur précise que le salut devant passer par une mutation interne de l'activité, des évolutions de compétences des salariés sont à prévoir. Ce qui ne serait pas au goût de tout le monde. "Le CSE semble dans d’autres attentes qu’un plan de continuité".
"D'après mon opinion, il y a un certain nombre de salariés intéressés par cette continuation, mais certains aussi attendent plutôt un gros chèque, même si ce n’est pas la majorité. Ce qui est certain, c’est que la grève fragilise l’édifice. Chaque jour de grève qui passe est un jour de chiffre d’affaires en moins et cela ne contribue pas à la poursuite de l’activité.", ajoute-t-il, toujours auprès du Progrès.
Selon les employés que nous avons rencontrés sur place, les promesses ne sont pas tenables.
"Leur but, c'est de gagner du temps pour aller tranquillement vers la liquidation et que cela leur coûte le moins cher possible", avance Thierry Grand. "Ils nous ont même pas proposé un PSE (Plan sauvegarde de l'emploi) c'est dire comme ils n'en ont rien à faire des 100 personnes qui travaillent ici."
La grève est prévue sur un temps illimité