Le blob fait parler de lui. Mystérieuse créature ni végétale, ni animale, cet organisme passionne les scientifiques et… les enfants. Le blob s’invite désormais dans les classes, où les élèves lui font faire une panoplie d’expérimentations. Reportage dans un collège de Saint-Héand, dans la Loire.
Il est jaune et visqueux. Il n’a ni poils, ni yeux, ni bouche. Et pourtant, c’est le compagnon préféré des enfants et la coqueluche des réseaux sociaux. J’ai nommé le Blob, ou physarum polycephalum, pour être scientifiquement précis.
Sa définition officielle : « le blob est un organisme unicellulaire qui n'est ni animal, ni végétal, ni champignon. Il n'a pas de cerveau mais peut apprendre, voire transmettre des informations en fusionnant avec ses congénères ».
Un projet original : #ElèveTonBlob
Autour de la charmante créature, ce jour-là, une douzaine de collégiens, volontaires et intrigués. L’expérience consiste à entourer le blob d’eau et à observer sa réaction. « On voulait voir son comportement, comment il se déplaçait, comment il réagissait », explique Solène.
Depuis la rentrée, ces élèves du collège Joseph Collard, dans la Loire, ont adopté la chose sur l’idée originale de leur professeur de technologie. Le programme #ElèveTonBlob a été lancé par le CNRS, où la spécialiste ès blob, la biologiste Audrey Dussutour, a décidé de lancer une expérience XXL et de recruter des apprentis chercheurs pour mieux connaître la créature. Depuis plusieurs années déjà, les capacités impressionnantes de développement du blob intriguent les scientifiques.
Le blob, star des réseaux sociaux
En parallèle, un blob a même été envoyé dans l’espace, contribuant à sa notoriété actuelle. L’astronaute Thomas Pesquet a en effet pour mission d’observer son comportement en apesanteur et de conduire les mêmes expériences que les 4000 élèves qui participent au programme.
« J’en ai beaucoup entendu parler sur les réseaux sociaux, mais je ne savais pas ce que c’était », assure Fanny, élève curieuse. En dehors des heures cours, elle vient avec ses compagnons d’aventure au CDI, pour observer l’évolution du blob. Armés de tablette, les jeunes scientifiques analysent son évolution au jour le jour.
On le place à l’abri sous un carton, et avec les tablettes on prend une photo toutes les demi-heures pour voir comment il se déplace. Il bouge très vite, il grandit de 4 centimètre par heure, il peut donc rapidement prendre des proportions imposantes
explique Antoine
L'apprentissage de l'autonomie
En toute liberté, ces jeunes montent leurs propres manipulations, imaginent leurs propres expériences et en font leurs propres déductions. « Lorsque l'on met quatre flocons d'avoine, il va toujours vers le plus gros ou le plus près », explique Louis. « On a découvert qu’il cherchait toujours à aller vers la nourriture, c’est intriguant, on a toujours envie de savoir ce qu’il va se passer », ajoute Solène. Des déductions et toujours plus de questions. Le blob est-il intelligent ? Sait-il nager ? Qui mènent à de nouvelles idées d'expérience, comme celle de fabriquer un labyrinthe pour voir si le blob peut contourner les obstacles.
« Ils ont l'habitude de suivre beaucoup le professeur, et là on leur propose un espace d’ouverture, de création, d’expérimentation. Je ne suis jamais intervenu, je les ai un peu guidés sur la trame, mais les expérimentations ont été faites en totale autonomie », s’enthousiasme Julien Launet, l’enseignant qui encadre le projet.
Et en plus, cela permet de faire du pluridisciplinaire, avec de la SVT bien sûr, mais aussi des sciences et technologies avec l’utilisation des tablettes
Julien Launet
Résistant au feu et à l’eau, régénérable à l’infini et totalement inoffensif, le blob passionne à tel point qu’il est désormais possible de s’en procurer sur internet et même de trouver des kits d’expérience à faire à la maison. Les résultats des élèves de Saint-Héand seront ensuite transmis au CNRS et au CNES, où les scientifiques étudient de près la capacité impressionnante du blob à se régénérer. Si on le découpe en morceaux, il est capable de se régénérer en quelques minutes seulement et de forme de nouveaux blobs clonaux.
Avec ces propriétés étonnantes, il pourrait aider la recherche à trouver des traitements cicatrisants ou antivieillissement.