A Saint-Genest-Lerpt, dans la Loire, une commune située à moins de dix kilomètres de Saint-Etienne, dans la Loire, deux joggeurs ont été attaqués par des buses en l'espace de quelques semaines. Du jamais vu ...
Le jour se lève doucement sur les vallons de Saint-Genest-Lerpt. La matinée s’annonce douce et ensoleillée. Un temps idéal pour faire un jogging dans les chemins de champs ? Rien n’est moins sûr. En à peine un mois, deux coureurs ont été attaqués par des buses.
Des coups de bec, des crânes qui saignent, des joggeurs effrayés ... Nous ne sommes pas dans un film d'Alfred Hitchcock mais dans le monde réel, aux portes des gorges de la Loire.
Un phénomène inédit
"Je cours souvent dans les chemins de la région et ça ne m’est jamais arrivé", témoigne Philippe Vocanson, joggeur régulier. "C’est le seul cas dans le département (…) ça fait 40 ans que je fais de l’ornithologie, je n’ai jamais assisté à un tel comportement (…) La cohabitation se passe généralement très bien", confirme Henri Colomb, ornithologue et bénévole à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de la Loire.
Ni le réchauffement climatique, ni la déforestation ne semblent en cause. Comment expliquer ces attaques ? "On s’est rendu compte que pendant la pandémie, nos concitoyens sont allés à la découverte des espaces libres (…) les pratiques sportives individuelles se sont développées sur le secteur", suggère Christian Julien, le maire Divers Gauche de la commune d’un peu plus de 6 000 habitants. Certains espaces de Saint-Genest-Lerpt sont classés sites naturels protégés.
En quelques semaines, deux joggeurs ont été pris à partie. D’après le maire, l’une des deux victimes était particulièrement sous le choc. Il faut dire que c'est une rencontre peu commune ...
Et si la nature reprenait ses droits ?
"Je ne parlerais pas d’attaque mais d’intimidation. Il s’agit d’oiseaux qui sont en période de reproduction qui ont des jeunes au nid, pas très habiles (…). La période de reproduction va du mois de mai au mois de juillet. Les parents sont très vigilants et n’hésitent pas à intimider (…) c’est une façon de marquer temporairement son territoire", explique l’ornithologue.
"C’est peut-être une reconquête de la nature », propose le maire, philosophe. « Les buses ne se sentent peut-être pas menacées mais on est dans la nature, les humains s’invitent chez les animaux, dans leur espace vital (…) c’est une façon pour lui de nous dire qu’on est trop près", abonde Henri Colomb.
L’ornithologue préfère relativiser : "Il n’y a jamais eu de cas de blessures graves. Il peut juste y avoir des égratignures au cuir chevelu (…) la buse n’est pas un animal très gros qui fait moins d’un kilo. Face à un humain qui fait 70-80 kilos, le combat est très inégal".
Miser sur la prévention
"On fait de la prévention pour que la cohabitation se passe au mieux", indique le maire. L’idée est de "faire découvrir la nature" aux joggeurs.
Etre davantage à l’écoute de la faune et de la flore, telle est la solution prônée par les défenseurs de la nature. "Le conseil qu’on peut donner à toute personne qui se promène dans la nature, c’est d’abord d’être attentif à ce qu’il se passe autour de soi (…) c’est nous qui entrons dans le territoire des animaux, à nous d’être attentifs (…) si vous apercevez une buse, ne vous affolez pas, marchez tranquillement", insiste Henri Colomb.
Les attaques de buses n’effraient d’ailleurs pas particulièrement les autres coureurs. "Ce n’est pas ce qui me fait peur (…) maintenant qu’on le sait, je fais plus attention, je lève la tête en l’air", affirme Philippe Vocanson.
Nous sommes donc bien loin d'un scénario d'Alfred Hitchock ...