À Villars dans la Loire, le maire a décidé de mettre en place une taxe sur les locaux commerciaux vides, de plus en plus nombreux dans cette petite ville de 8000 habitants. Le but : inciter les propriétaires de ces locaux à favoriser le retour d’une activité commerciale.
Les vitrines vides et les rideaux de fer fermés dans les rues de Villars ne sont vraiment plus au goût du maire de la ville, Jordan Da Silva. "Nous en avions de plus en plus alors on a fini par le chiffrer : aujourd'hui 16% des locaux commerciaux de la commune sont vacants, et on atteint même 50% sur l'une de nos zones commerciales" déplore-t-il.
Cette désertification des locaux commerciaux, il l'explique assez facilement : "C'est sans nul doute lié au mode de consommation des Villardaires qui se tournent non plus vers les commerces de proximité, non plus vers les grandes surfaces, mais vers les ventes à distance, par livraisons. Malheureusement les premiers impactés sont les petits commerces, les indépendants qui n'ont pas de grande entreprise derrière eux pour les soutenir dans les moments difficiles".
Mais si elles sont facilement explicables, ces absences de commerçants n'en sont pas moins dommageables pour la ville et ses habitants. D'abord, comme l'écrit le conseil municipal, parce qu'elles "créent une carence en services de proximité pour les habitants". Ensuite, parce qu'elles donnent l'image d'une ville morte à quiconque passerait par là, et plombent ainsi l'attractivité des commerces encore actifs : un véritable cercle vicieux pour le dynamisme économique de la commune.
Une taxe qui repose sur l'impôt foncier
Alors pour mettre fin à cet empêtrement, le conseil municipal a décidé d'agir sur la fiscalité locale. Conformément au code général des impôts, la municipalité va activer dès le 1er janvier prochain, une taxe facultative créée par l'Etat en 2008 ; la Taxe sur les Friches Commerciales (TFC).
Le principe est d'appliquer une majoration progressive de la taxe foncière sur les locaux commerciaux inoccupés. "Il y aura une augmentation de la taxe foncière de ces locaux, de 20% la première année d'inactivité, de 30% la seconde année, et de 40% à partir de la troisième année" explique Jordan Da Silva qui compte beaucoup sur ce nouvel impôt pour redynamiser son centre-ville, "d'autres communes de France l'ont déjà mis en place, avec des résultats très positifs".
"On n'est pas dans une approche conflictuelle"
Le maire de la commune a bien conscience que cette taxe seule ne serait pas assez efficace. "C'est aussi une question d'attractivité" établit l'édile, "alors on s'occupe de la faire augmenter en menant des travaux pour rénover et améliorer nos espaces publics, mais aussi en finançant la toute nouvelle association des commerçants de Villars, pour qu'ils imaginent et mènent à bien des évènements qui attireront du monde dans nos rues".
Le maire de la ville a également sécurisé sa mesure grâce à son Plan Local d'Urbanisme (PLU). Celui-ci stipule que les locaux commerciaux ne sont pas transformables, ainsi les propriétaires des locaux vacants ne peuvent pas se contenter de changer la fonction officielle de leurs bien immobiliers pour échapper au nouvel impôt.
"Mais on n'est pas dans une approche conflictuelle avec les propriétaires, on échange régulièrement avec eux" fait remarquer Jordan Da Silva. "L'idée n'est pas de les sanctionner, mais de les inciter à joueur le jeu et à accompagner les porteurs de projets. Cela peut être en acceptant plus facilement des travaux, ou en étant un peu moins gourmand sur les loyers. Quand on discute avec eux, ils nous disent souvent qu'ils ont des touches, des contacts, mais qu'ils rencontrent des difficultés à finaliser les accords. On espère que cette incitation fiscale sera la goutte d'huile qui permettra de fluidifier ces projets".
Il faudra attendre la fin d'année prochaine, pour évaluer les éventuels bienfaits de cette mesure.