PORTRAIT. "Je suis collectionneur dans l’âme" : un an après avoir cédé ses 200 machines à écrire, Alain raconte sa nouvelle vie

Toute sa vie, Alain Thivard a démonté des machines à écrire ou à calculer. Il en avait 200 en stock. Aujourd'hui retraité, il avait du céder sa collection en novembre 2023. Un an après, il raconte sa nouvelle vie.

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Mécascriptophile. Voilà le nom des amoureux des machines à écrire. Pour Alain Thivard, la passion à des airs de déformation professionnelle. Car son aventure avec les machines à écrire remonte en 1967, lorsqu'il est formé chez Olivetti, constructeur italien, avant d'ouvrir sa propre boutique neuf ans plus tard à Firminy dans la Loire. Il a démonté des centaines de machines à écrire pour les réparer. Au total, sa collection en comptait plus de 200, trésors de toute une vie. Il a dû se résoudre à s'en séparer en novembre 2023, à contre-cœur.

 "À un moment donné, il faut savoir tourner la page. Je ne pouvais plus tout garder dans mon local, je ne voulais pas faire peser cela à ma famille, et je n’avais plus les mêmes capacités de réparation, donc je me suis résolu à vendre" se remémore aujourd'hui Alain, un an après. Le collectionneur avait alors cherché un repreneur : "je voulais quelqu’un qui puisse acheter l'ensemble, pour que ce soit plus simple et plus rapide". Il l’a trouvé en la personne de Paul, un passionné vendant à l'international, mais aussi pour le cinéma et le théâtre. Depuis la vente, Alain a gardé contact avec lui : "il me demande parfois des conseils sur telle ou telle pièce. Il a donné une belle machine à un musée qui ouvrira prochainement, ce que je trouve vraiment bien" raconte le retraité.  

Après le reportage de France 3 qui racontait son histoire l'année dernière, Alain a reçu de nombreux appels et courriers lui proposant de lui faire don de machines à écrire. "J’ai été très touché, car ça avait été très difficile de me séparer de cette collection". Depuis un an, il a acquis une vingtaine de machines, et avait aussi gardé ses plus précieuses, dont une légendaire Manufrance. "Ça me fait mal au cœur de dire non, donc je continue à en récupérer. Je sais que si je les répare, ça permettra d’en faire profiter d’autres personnes ensuite. Les abandonner serait un sacrilège" témoigne le retraité.

"J’en achète en cachette de ma femme"

Car ces machines sont de véritables bijoux. Certaines avaient des mécanismes exceptionnels de complexité, comparables à de l'horlogerie. Sur certains modèles de machine à calculer, le stage de réparation durait quatre mois. Elles exigeaient souvent un démontage complet. 

"Monsieur, portez de ce vieux whisky au juge blond qui fume sa pipe". Ce pangramme de machine à écrire, Alain Thivard le connaît par cœur. Il s'en sert pour faire les vérifications d'usage, avec d'acquérir une nouvelle machine à écrire. Car dans cette phrase, révèle-t-il, il y a toutes les lettres de l'alphabet, ce qui permet de voir si elles sont bien alignées et droites sur l'outil. 

"Je suis collectionneur dans l’âme" confie Alain, d'ailleurs aussi propriétaire d’une ancienne maison forte qui aurait appartenu au marquis de Lafayette dans le Puy-de-Dôme. Il l'assure, son histoire avec les machines à écrire n'a pas pris fin lorsqu'il s'est défait de sa collection : "c’était mon métier, une véritable passion, donc forcément je ne peux pas m’en empêcher. J’en achète en cachette de ma femme. Je prends toujours plaisir à les réparer, même si maintenant, ça ne pourrait plus être en nombre aussi grand qu’avant". 

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