Neuf mois après la mort d'un détenu à la prison de Roanne, initialement présentée comme un suicide, une information judiciaire a été ouverte contre X pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui, selon le parquet.
"Enfin une instruction ! On va pouvoir commencer à écarter le rideau tiré sur cette affaire mais ce qu'on va trouver derrière, je n'en sais rien encore", a commenté Me Thomas Fourrey, l'avocat de la famille qui avait porté plainte récemment, faute de voir l'enquête préliminaire aboutir.
Un décès en juillet 2020
Dans la nuit du 17 au 18 juillet 2020, Alexis D., 27 ans, qui purgeait une peine pour violences au centre de détention de Roanne, est décédé à l'hôpital de la ville où les secours l'avaient transporté. Le parquet, à l'époque, avait indiqué que la mort s'apparentait à un suicide, précisant que le détenu avait mis le feu au matelas de sa cellule vers 22h et que l'inhalation de la fumée "aurait" provoqué un arrêt cardiaque. Le décès est officiellement intervenu deux heures et demie plus tard, sans que l'on sache ce qu'il a pu se passer entre-temps.
Les parents du défunt, qui n'ont pas pu consulter le rapport d'autopsie depuis, n'ont jamais cru que leur fils ait voulu mettre fin à ses jours. Pour eux, il voulait seulement lancer un appel au secours. Il faisait régulièrement l'objet de mesures disciplinaires et avait comparu en mars 2020 devant le tribunal correctionnel de Roanne, qui avait ordonné son hospitalisation d'office. Celle-ci avait pris fin en juin 2020 et le détenu avait été replacé à l'isolement au centre pénitentiaire de Roanne, alors que "sa place n'était pas en prison", selon ses proches.
La thèse du suicide contestée par la famille
La famille du jeune homme dénonce "des défaillances, des erreurs, des manquements" dans le traitement judiciaire et pénitentiaire du jeune homme.
Le 12 mars dernier, la mère du jeune détenu décédé a déposé plainte en indiquant que son fils "avait eu des différends avec deux surveillants", concernant notamment la prise de ses médicaments.
Interrogé le 15 avril 2021 sur les pistes envisagées au terme de l'enquête préliminaire, le procureur de Roanne a répondu que le décès avait pu résulter d'une défaillance technique (alarme incendie, interphone), d'une défaillance humaine ou d'une combinaison des deux. Il a ajouté n'avoir pas fait de demande de dépaysement du dossier à ce stade car les éléments en sa possession "n'établissent pas de façon certaine une défaillance humaine" de membres de l'administration pénitentiaire.