La chose la plus difficile à écrire : François est décédé. Il faisait partie de la grande famille des journalistes de France 3. Une famille endeuillée qui lui rend hommage aujourd'hui.
Les premiers mots me parviennent de la rédaction de France 3 à Saint-Etienne, François en était le rédacteur en chef depuis le 1er septembre 2023. Françoise Boissonnat et toute l'équipe ont tenu à écrire ce mot.
"On pense à toi"
"T’avais un humour tout pourri, mais au moins, on se marrait ! Sur ce coup-là, en plus d’être pourri et pas marrant, c’est nul. Te tirer en pleine nuit, franchement ça ne se fait pas. Tu étais mon pote, mon ami et notre confrère. Tu te souviens qu’on nous appelait « Papa et Maman », qu’en tournage, on se présentait en disant « Sylvain-Sylvette », parce que personne ne croyait quand on disait « François et Françoise » ! On a bossé, beaucoup un peu partout en France et un certain temps à St-Etienne. C’était pas tous les jours le pays du bonheur, mais avec Claire, Sandrine, Damien, Catherine, Vincent, Anthony, Fatima, Stéphanie, Philippe et Lise-Marie, on faisait une belle équipe ! On adorait tes supers chemises, tes bébés surprise, ta façon de tenir les choses difficiles à distance, ta pudeur, ton vocabulaire choisi, ton amour des plus ou moins belles choses. Ce matin, on est tous là, tristes, ensemble. On pense à toi. Bref, on t’aimait et on t’aime. Tu nous manques déjà. Salut l’artiste !"
"Toujours avec le sourire"
Anthony se souvient d'un caméraman et d'un journaliste de terrain, "il aimait ça". Sa première expérience marquante comme caméraman "c'était le charnier de Sebrenica, en 1995, dans l'ex-Yougoslavie".
Stéphanie, présentatrice de nos journaux régionaux, retient son "humour pince-sans-rire, parfois potache. Un personnage franc du collier, sans filtre, nature. Il était incollable sur Saint-Etienne", sa ville de cœur. "Toujours avec le sourire, autant avec les yeux qu'avec la bouche".
Véronique, cheffe monteuse, me raconte que la dernière fois qu'elle l'a vu, il lui a montré les photos de ses enfants. "Il en était fier". "Dans son regard, il y avait toujours cette étincelle de bienveillance, c'était un bonheur d'être avec lui".
"Un journaliste engagé"
Notre directeur régional, Jacques Paté avait encore échangé avec lui, il y a deux jours, pour mettre au point l'organisation de l'anniversaire des 25 ans de l'édition locale de Saint-Etienne, le 17 décembre prochain. "J'entends encore son enthousiasme de fêter l'événement avec toute son équipe. Je suis profondément bouleversé. C'était un journaliste et un rédacteur en chef engagé et toujours actif sur le terrain. Il avait à cœur de faire exister l'actualité de sa ville sur nos antennes. Je pense à lui, à sa famille et à nos équipes dont la peine est immense".
Les larmes à Clermont-Ferrand
Pierre-Olivier Belle, est rédacteur en chef adjoint à Clermont-Ferrand, où François est resté en poste pendant près de cinq années. Il m'a transmis ce message.
"Il y avait souvent dans ses mains matinales, des croissants ou des bonbecs… François venait à la rédaction de France 3 Auvergne, chaque matin, comme un écolier avide de découvertes et prêt à s’associer à tous les bons coups ! Nous avons passé cinq années ensemble, à peine trois mètres nous séparaient et dès que je levais la tête, c'était son visage qui était là, surplombant le bureau d’en face… Tantôt plongé sur son écran, tantôt prêt à engager la conversation ! François aimait la discussion, le débat et la controverse. Il aimait aussi, les arts et les questions qui les traversent… Inarrêtable sur les beaux-arts de St-Etienne, de Paris ou d’ailleurs. Inépuisable aussi sur la Grande et les petites histoires… Par-dessus tout, François était intarissable sur sa famille, Carine, ses parents et ses nombreux enfants… De l’amour comme un puits inépuisable. Alors, je vous le dis simplement, croiser un bonhomme comme lui, change la vie".
"Le phrasé de Serge Reggiani"
Pour un autre de ses collègues à Clermont, il était "plus qu’un adjoint, c'était une vision de l’actualité en mode histoires : petites et grandes". Toujours selon lui, "François demeurera également le complice de fructueux échanges pseudos intellectuels d’après journaux télévisés, qui faisaient se croiser le phrasé de Serge Reggiani avec le bleu ciel de Hooper. François… Évadé à tout jamais désormais... Adieu mon ami" a-t-il ainsi terminé sa missive.
Un mec en or
Lorsque je l'ai croisé pour la première fois, c'était en 1995. Il venait de rejoindre France 3, à Strasbourg. Il réalisait des reportages pour une édition transfrontalière, intitulée "Triangle". Un regard aiguisé et décalé sur les sujets d'actualité entre la France, la Suisse et l'Allemagne.
François avait rejoint Saint-Etienne en qualité de Grand Reporter en 2002 avant de passer dans l'encadrement à Clermont-Ferrand en 2017. Nommé rédacteur en chef adjoint à Saint-Etienne en 2023, il était de ces personnages infatigables, imperturbables. Baroudeur et cultivé, il ne manquait jamais un bon mot.
Après avoir lu l'un de mes articles sur mon opération à cœur ouvert, il m'avait appelé en me racontant son vécu suite à un coma. Il m'avait alors dit : "toi comme moi, on sait maintenant que la vie est fragile, profitons-en".
À ses proches, ses enfants, sa famille, nous adressons toutes nos plus sincères condoléances.