Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, était en garde à vue à la police judiciaire de Lyon depuis mardi 5 avril, ainsi que trois autres protagonistes de l'affaire du chantage présumé à la vidéo intime. L'élu a été mis en examen pour chantage.
Il est le premier à avoir quitté le Palais de Justice de Lyon ce jeudi 6 avril. Pierre Gauttieri, l'ex-directeur de cabinet de Gaël Perdriau a annoncé sa mise en examen, sans en préciser le motif. Il a indiqué ne pas avoir voulu répondre aux questions du juge d’instruction.
Peu après 14h, celui qui a révélé l'affaire à Médiapart, Gilles Rossary-Lenglet, ainsi que l'ancien adjoint au maire de Saint-Etienne à l'éducation, Samy Kéfi-Jérôme ont également franchi les portes du palais de justice. Eux aussi sont mis en examen dans cette affaire.
Présentés au juge après 2 nuits de garde à vue
Dans un communiqué publié ce jeudi matin 6 avril, le parquet de Lyon a annoncé que le maire de Saint-Etienne et trois autres protagonistes présumés dans cette affaire de chantage à la vidéo intime allaient être présentés aux juges d'instruction dans la matinée. Et ce, après deux nuits passées en garde à vue dans les locaux de la police judicaire de Lyon.
Une vidéo à caractère sexuel
Le chantage à la vidéo est révélé par Médiapart en août 2022. Et en septembre, le parquet de Lyon ouvrait une information judiciaire pour atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par personne chargée d'une fonction publique, et abus de confiance.
Le maire de Saint-Etienne et président de la Métropole, a été élu en 2014 et réélu en 2020. Il se trouve, depuis ces révélations, au cœur d'une enquête judiciaire sur le tournage et l'usage d'une vidéo à caractère sexuel dans laquelle on peut voir son ex-premier adjoint centriste et rival politique, Gilles Artigues, se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel, fin 2014.
Pas de démission même en cas de mise en examen
Le 13 septembre 2022, quatre personnes, dont le maire de Saint-Etienne, avaient déjà été placées en garde à vue, puis remises en liberté, sans mise en examen.
Gaël Perdriau a toujours clamé son innocence et répété plusieurs fois qu'il ne démissionnerait pas, même en cas de mise en examen. "Je ne suis ni le commanditaire, ni l'organisateur, ni un utilisateur de cette vidéo. Je n'ai jamais eu ni vu ce document", avait-il déclaré en décembre 2022 dans un entretien avec l'AFP.
En octobre 2022, il a porté plainte contre son ancien parti pour "diffamation" et contre Éric Ciotti pour "injures publiques".
Plusieurs perquisitions
L'enquête de la police judiciaire a déjà donné lieu à des perquisitions dans des bureaux de la mairie, de la Métropole et de la Région ainsi qu'aux domiciles privés des différents protagonistes, avec notamment des saisies d'ordinateurs et de téléphones portables. Les enquêteurs ont aussi cherché à savoir quel matériel avait été utilisé pour le tournage, avec notamment la garde à vue d'une ancienne collaboratrice de Samy Kéfi-Jérôme.
Rapidement exclu de LR après sa première garde à vue mi-septembre 2022, Gaël Perdriau s'est mis en retrait de ses fonctions sans pour autant renoncer à ses mandats à la tête de la municipalité et de la Métropole, laquelle avait pourtant massivement voté en décembre pour sa démission.
Face aux critiques, le maire a toujours défendu la "présomption d'innocence" en dénonçant un "pilonnage médiatique" lié, selon lui, à une "politique hostile" de Laurent Wauquiez, le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, contre la mairie et la métropole réunissant 53 communes et 400.000 habitants.