Loire : pénurie d'orthophonistes, les cabinets libéraux saturés

Besoin d'un orthophoniste ? Il va falloir patienter. Jusqu'à deux ans dans la Loire. Des délais très longs faute de praticiens qui pénalisent notamment les enfants avec troubles "Dys". La profession tire la sonnette d'alarme et réclame, entre autres, davantage d'étudiants dans cette discipline. 

Des mois avant d'obtenir un rendez-vous, des patients sur liste d'attente ... les orthophonistes sont surchargés, les cabinets ne désemplissent pas et ce sont les patients qui en font les frais. En premier lieu, les enfants qui ne sont pas pris en charge et qui sont pénalisés dans leur scolarité. "C'est frustrant en tant que parent de voir son enfant en difficulté à l'école et de ne rien pouvoir lui proposer," explique Jessica, la maman de Moïra, dyslexique et dysphasique. Après bientôt deux ans d'attente, sa fille a enfin pu être accueillie en cabinet pour des consultations.  

Frustration également du côté du praticien face à des enfants qui accumulent du retard faute d'une prise en charge précoce : "C'est fréquent quand certains patients arrivent, je me dis : je les aurais eu il y a deux ans, on n'en serait très probablement pas là. On aurait pu être efficace beaucoup plus rapidement," explique Stéphanie Dujardin, orthophoniste depuis 13 ans, installée à Saint-Chamond. Elles sont cinq à exercer dans ce cabinet de la Loire. Les rendez-vous s'enchaînent à un rythme infernal, toutes les demi-heures dans ce cabinet couramiaud. Délai moyen : 18 mois. Et pas moins de 600 patients figurent sur liste d'attente. Mais la pénurie est générale, selon Stéphanie Dujardin.

Les orthophonistes français les plus mal rémunérés d'Europe

Troubles neurologiques, bégaiement chez le jeune enfant, troubles de l'oralité ou de la déglutition, mais aussi troubles "Dys", reconnus depuis 2005... Certains domaines de l'orthophonie sont en pleine expansion. Conséquence, ces praticiens doivent prendre en charge un nombre accru d'enfants. Ils ont de plus en plus de mal à faire face aux demandes. Pour certains patients, cette attente rime avec perte de chance de récupération.

La hausse de la demande est une des raisons de la saturation des cabinets libéraux d'orthophonie... mais pas seulement. L'engorgement des cabinets privés s'explique aussi par le nombre insuffisant d'orthophonistes dans le secteur public. 

Ainsi Bruno Sarrodet, vice-président du syndicat des orthophonistes Rhône Alpes, travaille aussi à l'hôpital Femme Mère Enfant de Bron, un quart de son temps, pour 400 euros mensuels. Alors son cabinet lui est indispensable. "Les orthophonistes français sont les plus mal rémunérés de toute l'Union Européenne. C'est la profession la plus féminisée avec 97% de femmes et aussi la plus mal rémunérée au niveau Bac +5 de la fonction publique," explique-t-il.

 

Numerus clausus ...

Deux autres facteurs expliquent notamment cette pénurie et l'engorgement des cabinets libéraux : trop peu d'orthophonistes sont formés et un numerus clausus restreint l'accès à cette profession.Alors aujourd'hui ces professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme, et alertent sur la gravité de la situation, une pétition circule au niveau national qui a déjà recueilli plus de 17.000 signatures. 

Les orthophonistes demandent une augmentation du nombre d'étudiants dans cette discipline et davantage de centres de formation universitaires en orthophonie. En septembre 2020, seuls 964 étudiants ont été admis en orthophonie. "Il en faudrait au moins 100 de plus," indique la pétition. La profession réclame aussi davantage de postes à l'hôpital et dans le secteur médico-social. Des demandes qui s'accompagnent aussi de salaires et de statuts.

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