Les sages-femmes ont manifesté à Paris ce jeudi 7 octobre. C'est leur 6e jour de mobilisation depuis janvier. Elles ont obtenu une revalorisation de salaire et un statut médical en rapport avec leurs responsabilités et leurs études. Jonathan est l'un des représentants masculins du secteur.
Si le métier est essentiellement féminin, quelques représentants masculins exercent aussi cette profession. C'est le cas de Jonathan Lechwar-Habib qui travaille à Saint-Etienne. Il est un des très rares hommes à exercer le métier de sage-femme. Jonathan a commencé il y a 7 ans.
"J'adore mon boulot : accompagner des gens qui ne sont pas malades. Mais lorsqu'on dépiste une pathologie, c'est là qu'on collabore avec un collègue médecin," explique-t-il.
Pour mieux s'en sortir et pour aborder toutes les facettes de son travail, après 5 ans d'études et plusieurs diplômes complémentaires comme l'échographie ou la médecine fœtale, Jonathan cumule aujourd'hui un mi-temps en cabinet libéral et l'autre mi-temps à l'hôpital.
Dans la structure hospitalière, le rythme de travail est soutenu. La nuit le service est géré par deux sages-femmes et deux auxiliaires avec un médecin mobilisable rapidement, seulement en cas de problème…. Il faut suivre une douzaine de parturientes. "On a beaucoup de responsabilités, on est responsable du couple mère-enfant, jusqu'à ce que l'enfant soit là et jusqu'au retour à la maison," explique Jonathan Lechwar-Habib.
Le salaire de départ ne dépasse pas 1.800 euros mensuels "pour faire des nuits, des week-ends, des jours fériés et mettre sa vie de famille de côté. Ce n'est pas assez. Notamment lorsqu'on compare avec d'autres salaires de l'hôpital", ajoute Jonathan Lechwar-Habib.
Les sages-femmes sont multi-compétentes et peuvent suivre les femmes tout au long de leur vie. Elles sont près de 23.000 professionnels en France qui exercent en hôpital ou en libéral. La profession est féminine à 97%. Ils sont moins d'un millier d'hommes.
En septembre, les sages-femmes ont obtenu une revalorisation de leurs salaires, 183 euros par mois. Une revalorisation de salaire jugée insuffisante dans la profession. Mais les revendications des sages-femmes ne s'arrêtent pas à des considérations financières. Les professionnels réclament aussi un statut médical en rapport avec leurs responsabilités et leurs études.
"On n'est pas connu du grand public. On ne sait pas qu'on peut venir nous voir sans ordonnance. On n'est pas connu de nos pairs. Certains médecins ne savent même pas ce que c'est qu'une sage-femme. Des infirmiers et infirmières, des gens du système de santé ne connaissent pas tellement les sages-femmes. A l'hôpital on est toujours considéré comme des paramédicaux," déplore Jonathan Lechwar-Habib. "On est une profession médicale à part entière ! C'est ce qu'on aimerait que le grand public connaisse. On aimerait que l'Etat nous reconnaisse dans cette profession médicale, que le ministère de la Santé accepte qu'on soit reconnu comme tel avec un salaire à hauteur de nos responsabilités."
Aujourd'hui la colère gronde et la frustration domine. Les sages-femmes en ont assez d'être dans l'ombre et espèrent se faire entendre du Ministre de la Santé. Une nouvelle journée de grève est prévue ce jeudi 7 octobre, avec une manifestation à Paris. Jonathan est gréviste pour défendre ce métier qu'il aime tant. Mais il l'avoue : si c'était à refaire, il choisirait une autre profession. Et il n'est pas le seul dans cette situation....