Procès du Père Peyrard à St Etienne : le témoignage accablant d'un prêtre abusé après 42 ans de silence

Le père Regis Peyrard comparaît mardi pour agression sexuelle sur mineur devant le tribunal correctionnel de St Etienne. L'une de ses victimes, l'abbé Jean-Luc Souveton livre un témoignage accablant après 42 ans de silence. Il désigne son agresseur mais aussi "l'institution qui l'a produit".       

C'est un témoignage majeur. Celui de Jean-Luc Sauveton, prêtre du diocèse de St Etienne. Celui d'un homme qui a croisé dans sa jeunesse le père Régis Peyrard. Il avait 15 ans. Il s'exprime à visage découvert juste avant la comparution de son agresseur devant le tribunal correctionnel de St Etienne.

Il s'était tû jusque là. Mais la position de l'Eglise, à laquelle il appartient pourtant, l'amène à rompre le silence, 42 ans plus tard. Il met en cause non seulement le père Peyrard mais aussi "l'institution dont il est le produit". "Ce qu'il attend du procès, c'est qu'il réponde à la faim de justice de ses victimes" ... 
 

Le père Regis Peyrard comparaît mardi pour agression sexuelle sur mineur devant le tribunal correctionnel de St Etienne. L'une de ses victimes, l'abbé Jean-Luc Souveton, livre un témoignage accablant après 42 ans de silence.Il dit sa soif de justice pour toutes ses victimes

Pour comprendre cette liberté de parole retrouvée, il faut remonter le temps. Revenir sur son histoire personnelle. Nous sommes en juin 1976. Jean-Luc Souveton est alors élève du lycée Benoît Fourneyron à St Etienne. Le père Régis Peyrard est l'aumônier d'un camp de vacances à Peisey-Nancroix, en    . Celui-ci lui propose de l'emmener avec lui pour préparer le prochain camp d'été. Il n'imagine pas ce qui l'attend.

L'aumônier lui propose de passer la nuit "au chalet." Et par commodité, ils partageront la même chambre. Lui ne voit rien à redire. Il est en confiance. Mais le piège se referme sur lui. Ce qui suit bouleverse sa vie d'homme. 

Le père Régis Peyrard est soupçonné d'avoir abusé ainsi de nombreux mineurs dans l'exercice de son ministère. Première plainte en 2000. Une autre parvient au procureur en 2001 mais elle est classée sans suite. La victime très perturbée n'a pas supporté l'obligation d'affronter son agresseur.

Combien oseront faire la démarche? Une quinzaine de victimes seront présentes et 7 témoigneront mardi au procès du père Peyrard. Mais en définitive, une seule plainte, une seule relative à des faits non prescrits, aura raison du secret qui entoure l'affaire.

L'abbé Souveton regrette que pour beaucoup, "ce qui est scandaleux, c'est que ça se sache (...) Or pour lui, ce qui est scandaleux, c'est que des comportements, des gestes, des attitudes, des dissimulations aient pu exister."  
Le père Regis Peyrard comparaît mardi pour agression sexuelle sur mineur devant le tribunal correctionnel de St Etienne. L'une de ses victimes, l'abbé Jean-Luc Souveton, livre un témoignage accablant après 42 ans de silence. Il estime qu'il a été victime de maltraitance de la part de l'Eglise et qu'il est donc en droit de parler à son tour ...
  
L'abbé Souveton raconte pourquoi il parle aujourd'hui. Le religieux occupe une petite maison qui appartient à l’évêché et dont un studio reste vacant au rez de chaussée. En juin dernier, le père Souveton tombe nez-à-nez avec le père Peyrard. L’évêché avait proposé à Régis Peyrard de loger une nuit dans le studio car il devait être entendu par la gendarmerie de St- Etienne.

Le père Souveton sort choqué de cette rencontre fortuite qui le replonge dans un passé douloureux qu’il croyait enfoui au plus profond de lui-même. Mais en plus, il est sidéré par ce qui sort de la bouche de son agresseur. L'Eglise, informée des sévices subis par Jean-Luc Souveton, a enfreint son secret. Il s'estime trahi. Il sort maintenant du silence. 
 
Le père Regis Peyrard comparaît mardi pour agression sexuelle sur mineur devant le tribunal correctionnel de St Etienne. L'une de ses victimes, l'abbé Jean-Luc Souveton, livre un témoignage accablant après 42 ans de silence. Il pense que l'Eglise a failli parce que Regis Peyrard est "un produit de l'institution".
           
L’abbé Jean-Luc  Souveton attend du procès la vérité. Pour les victimes, dont il fait partie, mais aussi pour l’Eglise . Car l’institution, dit-il, a « failli » . Parce que Régis Perard est « le produit d’une institution» . Il estime que « ces prêtres , ces évêques qui n’entendent pas, qui falsifient, qui font disparaître des dossiers sont eux aussi les produits d’une institution…  Il  ne faut pas que l’institution soit pourrie par des comportements qui sont à l’opposé du message qu’elle veut transmettre ».    
 
Le père Régis Peyrard comparaîtra libre mardi, devant la justice. Il a été réduit récemment à l’état laïc sur la recommandation pressante de l'évêque de St  Etienne. Le père Peyrard passe sa retraite dans une institution religieuse à Aubenas. L’évêché de St-Etienne indiquera dans les prochains jours de quelle manière elle envisage d’être présente dans la salle d’audience pour assister au procès.

Précisément. "L'institution, est ce qu'elle sera représentée ?"C'est la question que se pose l' abbé Jean-Luc Souveton...


Entretien: Sylvie Cozzolino -Thierry Swiderski 
Le père Regis Peyrard comparaît mardi pour agression sexuelle sur mineur devant le tribunal correctionnel de St Etienne. L'une de ses victimes, l'abbé Jean-Luc Souveton, livre un témoignage accablant après 42 ans de silence. Il s'interroge sur la présence de l'Eglise en tant qu'institution au procès.
 
   






         

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