Une vidéo publiée le 1er octobre dernier, a révélé que l'ancien directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, envisageait un autre chantage à la sex-tape. L'absence de condamnation du maire est "l'élément de trop" pour le conseiller municipal Jacques Guarinos. Il vient de démissionner.
C'est une première défection depuis les révélations de Mediapart en août 2022. En effet, l'affaire de chantage politique à la sex-tape, qui agite depuis des mois la ville de Saint-Etienne, vient d'entraîner la démission du conseiller municipal Jacques Guarinos, proche du maire Gaël Perdriau (ex-LR).
"C'est une décision personnelle, je ne me sens plus en accord avec mes valeurs", s'émeut Jacques Guarinos. Le docteur en astronomie de 61 ans a présenté lundi soir sa démission au maire de Saint-Etienne.
Une prostituée mineure
Celle-ci intervient après de nouveaux aveux de Gilles Rossary-Lenglet: ce dernier a remis fin septembre à la justice et à Mediapart une nouvelle vidéo prouvant son implication dans un projet de chantage contre l'ancien maire de Saint-Etienne, Michel Thiollière (UMP-Rad).
Dans cette vidéo remontant selon l'intéressé à juin 2015, on le voit discuter avec le directeur de cabinet Pierre Gauttieri de la possibilité de piéger M. Thiollière en le filmant avec une prostituée mineure.
"Que le maire n'ait pas condamné l'attitude de son ancien directeur de cabinet, tout ça, pour moi, ça a été l'élément de trop" regrette Jacques Guarinos.
Jusqu'ici, Gaël Perdriau avait réussi à préserver la cohésion dans son camp, même après sa mise en examen pour "chantage" en raison de son implication présumée dans l'usage d'une vidéo intime tournée en janvier 2015. Le film montrait son ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel.
"Gravité des propos tenus"
Trois autres personnes ont été mises en examen en avril en même temps que lui: son chef de cabinet de l'époque Pierre Gauttieri, un de ses anciens adjoints Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, à l'origine des révélations de Médiapart.
Le maire et président de la métropole de Saint-Etienne a toujours clamé son innocence dans cette affaire. Deux élus municipaux de droite et du centre siègent depuis hors de la majorité municipale, tandis que l'opposition appele à la démission du maire.
Exclu du parti Les Républicains, Gaël Perdriau a refusé de céder ses fonctions électives, tout en se mettant en retrait de la métropole.
Concernant sa démission, Jacques Guarinos parle d'une "décision difficile". "Je mettais en balance le fait de respecter mon egagement au service des stéphanois mais autre part, je me sentais tellement mal avec cette affaire où le maire n'assume pas la gravité des propos enregistrés qu'il avait tenu et pour lesquels il ne s'est pas excusé."
"Dégoût"
"Les dernières révélations sont lamentables. Elles ont encore ajouté au dégoût que m'inspire cette affaire, s'insurge Jacques Guarinos. C'est à se demander si ce n'était pas une habitude chez Pierre Gauttieri d'imaginer des opérations mafieuses et dans le cas de Gilles Rossary-Lenglet de les conduire" dit encore celui qui fut le vice-président d'une association de soutien à la réélection de Gaël Perdriau en 2020.
Les élus du groupe municipal PS et apparentés ont salué dans un communiqué cette "décision courageuse" en espérant que sa démission "en entraînerait d'autres". La publication de la nouvelle vidéo par Mediapart a suscité de nouveaux appels à la démission du maire.
Sommés par Les Républicains de prendre leurs distances, plusieurs élus municipaux ont préféré rendre leur carte au parti. "Il serait incohérent que nous formions un groupe indépendant de celui de la majorité (....) dont nous soutenons toutes les décisions prises en conseil municipal", avaient expliqué les trois derniers adjoints encartés LR dans un communiqué publié fin septembre.