Trois ans de prison dont 18 mois ferme ont été requis contre le père Peyrard, ancien aumônier du diocèse de St Etienne, au terme d'un procès tendu. L'ancien prêtre, accusé d'agression sexuelle sur mineur, a fini par demander pardon au prix d'une éprouvante confrontation avec ses victimes.
Du procès du Père Peyrard devant le tribunal correctionnel de St Etienne, on retiendra d'abord ses aveux tardifs au terme d'une audience très tendue. L' ancien prêtre, accusé d'agression sexuelle sur mineur, a fini par demander pardon au prix d'une confrontation particulièrement éprouvante avec l'une de ses victimes. Mais aussi parce qu’il a été confronté à l’accumulation des témoignages d’une grande violence.
L'ancien aumônier des lycées, relevé de ses fonctions et redevenu depuis laïc, a pris conscience du mal qu'il avait fait là, en abusant des enfants et en trompant la confiance aveugle qu'ils lui accordaient. La justice a aussi poussé l'accusé dans ses retranchements, le contraignant à entendre la souffrance de ces adultes marqués à jamais. Elle l'a obligé à sortir d'une forme de mémoire sélective, où il ne se souviendrait plus que des agressions sexuelles frappées de prescription.
De ce procès, on retiendra aussi la discrétion de l'Eglise. On attendait une autorité morale en la personne de Monseigneur Bataille, l'évêque de St Etienne. Mais c'est finalement le vicaire général, Bruno Cornier, qui a été dépêché sur place avec cette explication un peu courte : "Nous sommes touchés par le fait que ceci ait pu être possible, parce que c'est grave." Le diocèse avait prévenu. C'était le procès d'un homme, pas celui d'une institution. Mais les dépositions des victimes ont mis en évidence leur désarroi vis-à-vis d'une Eglise fuyante et peu encline, dans cette affaire, à reconnaître ses propres fautes.
De ce procès, on retiendra enfin la parole de l'avocat général, André Merle. Dans son réquisitoire, il a regretté que la justice n'ait pas fait son travail d'enquête dès les premiers signalements en 2000. Le père Peyrard a longtemps bénéficié d'une certaine complaisance, laissant des victimes désemparées, se croyant seules au monde.
Le reportage de Sylvie Cozzolino et Thierry Swiderski :