Il leur avait "gâché" le "plus beau jour de [leur] vie". Ce mardi, le gérant de Kaïsse Traiteur Hallal comparaissait devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne pour avoir lâcher 24 couples à la veille de leurs noces. Le jugement a été mis en délibéré.
Au terme d'une audience d'une quinzaine d'heures, deux ans de prison avec sursis ont été requis contre ce traiteur en faillite. Le représentant du parquet a également requis cinq ans d'interdiction de gérer et trois ans d'interdiction d'émettre des chèques, à l'homme de 41 ans. En mai 2015, ce fonctionnaire de l'Education nationale avait déposé le bilan de sa société Kaïsse Traiteur Hallal, basée chez lui, à Genilac (Loire), et spécialisée dans l'organisation de mariages en Auvergne-Rhône-Alpes, depuis la location de la salle jusqu'au repas, en passant par le DJ et le photographe.
Très en colère, ses victimes lui ont reproché à l'audience d'avoir "gâché le plus beau jour de [leur] vie" et de les avoir prévenus au dernier moment, par texto, de son impossibilité d'assurer la prestation qu'ils avaient pourtant réglée, via plusieurs acomptes.
Poursuivi pour banqueroute par accroissement du passif, vol, contrefaçon ou falsification de chèques, exécution d'un travail dissimulé, emploi d'un étranger sans autorisation de travail, son jugement a été mis en délibéré au 23 janvier.
Un passif de 350.000€
Outre les mariés, une dizaine de fournisseurs et 35 ex-salariés occasionnels de ce traiteur, parties civiles, étaient présents à l'audience. À la barre, le prévenu a expliqué que, bien qu'interdit bancaire depuis 2013, il avait tenu à poursuivre son activité en utilisant notamment les chèques d'acompte de ses clients pour régler ses fournisseurs. "C'était une passion, je n'ai pas voulu renoncer", a-t-il répondu au président du tribunal qui lui a demandé pourquoi il n'avait pas jeté l'éponge plus tôt.
Selon lui, des "motifs de sécurité" l'ont finalement contraint à cesser son activité pour se protéger, ainsi que sa femme et ses quatre enfants, des menaces de morts de clients mécontents qui ont pénétré par effraction dans son domicile, l'ont dégradé et qui ont propagé de fausses informations sur lui sur les réseaux sociaux. Il a expliqué avoir dû quitter sa maison et vivre deux mois à l'hôtel avec sa famille, avant de la vendre pour rembourser une partie du passif. Ce dernier, remboursé aux deux-tiers, s'élèverait à près de 350.000 euros, dont près de 100.000 pour les fournisseurs, selon le président du tribunal, Frédéric Paris. De son côté, la défense a fait citer plusieurs témoins se disant très satisfaits des services de cet homme qui avait une bonne réputation parmi la communauté musulmane pour cette activité qu'il exerçait depuis 2009.