Suicide d'un enfant dans la Loire: "à partir de 7 ou 8 ans, il y a un risque" prévient un psychiatre

Le suicide d'un enfant de 10 ans dans la Loire rappelle que même s'il est faible, ce risque existe avant l'adolescence. Le psychiatre Michel Debout, auteur de plusieurs rapports sur ce sujet, explique comment s'en prémunir.

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C'est un drame très rare qui s'est déroulé dans la commune de Marols (Loire) samedi 29 avril 2023. Un enfant de 10 ans, élève de CM2. Un acte qui rappelle la fragilité psychologique d'un enfant. Membre de l'observatoire national du suicide qu'il a appelé de ses vœux, psychiatre et professeur émérite de médecine légale au CHU de Saint-Etienne, Michel Debout explique ce qui peut provoquer un tel drame et comment tenter de s'en prémunir.

3 raisons de passage à l'acte

Sept ans est connu pour être l'âge de raison. Un âge où le complexe d'Œdipe s'estompe. Et un âge où "l'enfant prend conscience de sa propre mort". C'est à partir de cette période qu'il faut être vigilant, les causes d'un suicide peuvent alors être multiples.

"L'enfant peut faire un suicide de façon très impulsive parce qu'il veut échapper à une situation où il serait mis en cause, où on le gronderait de façon anormale" observe Michel Debout. La raison "peut être aussi plus élaborée, et là, c'est plutôt pour échapper à une situation de souffrance qu'il peut trouver dans des problèmes éducatifs ou de manque parental". Le malaise peut aussi venir de l'école. "A 8 ans, l'enfant est face à d'autres enfants ou adultes dans des situations qui peuvent provoquer un conflit ou une opposition. Ces situations peuvent alors lui paraître harcelantes" poursuit le professeur qui donne des conseils préventifs.

Il faut toujours être attentif lorsqu'un enfant change d'attitude, en étant moins joyeux ou en jouant moins, lorsqu'il va à l'école à reculons, en ronchonnant, en inventant des maux de ventre, qui traduisent un malaise à l'école

Michel Debout

Psychiatre, professeur de médecine légale au CHU de Saint-Étienne

Pour éviter un passage à l'acte, le psychiatre conseille d'"essayer d'amener l'enfant à parler de cette souffrance avec ses mots à lui pour éviter que ça continue et que ça amène à un geste fatal".

Prise en charge des témoins

Le suicide d'un enfant provoque un choc et une vive incompréhension dans son entourage. À l'école de Saint Bonnet le Château où était scolarisé l'enfant décédé le week-end dernier, un accompagnement psychologique a été mis en place dès mardi matin, à l'annonce du décès de l'élève de CM2. Selon le maire Patrick Ledieu, "tout le monde est sous le choc, nous devons respecter le deuil de la famille. Une cellule de crise a été mise en place dès mardi matin. Ça a été porté de façon très professionnelle et humaine par l'Académie et la directrice de l'école."

Une prise en charge indispensable pour libérer la parole. "Tous ceux qui ont vécu ce drame éprouvant, adultes comme enfants, il faut absolument qu'ils mettent des mots sur une situation angoissante, insiste Michel Debout. Elle finit par faire du mal à ceux qui en sont témoins. Il faut exprimer cela, parfois avec de la colère, pour comprendre et éviter que d'autres enfants soient dans une situation comparable."

En matière de prévention, "on est dans une impasse"

Michel Debout ne mâche pas ses mots à propos du manque de moyens de la psychiatrie française. Il y a vingt ans, le spécialiste stéphanois crée l'association Loire Prévention Suicide. "Elle a fermé" dit-il en retenant une colère perceptible. "L'ARS (Agence régionale de santé) lui a coupé les moyens parce qu'aujourd'hui, nous avons un numéro national de prévention du suicide. Les technocrates de la santé imaginent que quelqu'un à 800 kms peut prévenir un suicide ! On est dans une impasse" constate Michel Debout. Selon lui, la cellule psychologique installée à Saint Bonnet le Château démontre "que la prévention ne peut se faire que dans la proximité".

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