Depuis le début de l'affaire du chantage à la sextape, en septembre dernier, l'élu stéphanois Lionel Boucher défend la victime de ce procédé, son ami Gilles Artigues. Et réunion après réunion, il s'oppose, sur ce dossier, au maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, mis en examen dans ce dossier. Jusqu'à demander sa démission. Mais ce lundi 26 juin, c'est le maire et une partie des élus de sa majorité qui ont retiré à Lionel Boucher ses fonctions d'adjoint.
Le résultat du vote est sans appel : 12 voix pour le maintien des fonctions d'adjoint de Lionel Boucher, 31 voix contre. Le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, s'est débarrassé ce lundi 26 juin 2023 de la personnalité la plus encombrante de son équipe municipale. Depuis dix mois, et encore plus depuis sa mise en examen, l'élu centriste mettait, sans cesse, le maire face à ses responsabilités dans l'affaire du chantage à la sextape contre Gilles Artigues. Jusqu'à demander à plusieurs reprises sa démission.
Il vous donne une leçon de soumission, allez-vous l'accepter ?
Lionel Boucher, adjoint au maire destitué de ses fonctions
Hier soir encore, Lionel Boucher a dénoncé le comportement de Gaël Perdriau."Nous avons un maire, mis en examen, sous contrôle judiciaire, qui a payé une caution de 60 000 € pour éviter la prison ! Il use de sa police d'assemblée pour faire taire celui qui défend la victime du chantage, mais c'est vous qu'il fait taire ! Il vous donne une leçon de soumission, allez-vous l'accepter ?"
La grosse artillerie contre Lionel Boucher
C'était devenu intenable pour Gaël Perdriau notamment depuis sa mise en examen pour ce chantage. Les propos de Lionel Boucher devenaient aussi insupportables pour plusieurs élus de la majorité. Après lui avoir retiré ses délégations, le maire suivi par une large partie de son équipe municipale a donc organisé le vote ce lundi soir pour le retrait des fonctions d'adjoint de Lionel Boucher.
Et plusieurs élus de la majorité ont sorti la grosse artillerie contre Lionel Boucher. Charles Dallara, 15ème adjoint, s'en est pris ouvertement à lui. "À plusieurs reprises, tu t’es permis d’attaquer l’ensemble de tes collègues. Tu nous as traités de complices. Mais, ici, dans cette salle, il me semble qu’aucun collègue adjoint n’a été mis en cause. De quel droit as-tu pu te permettre ça ?"
Jean-Pierre Berger, 1er adjoint, a souligné ce qui est selon lui l'incohérence de Lionel Boucher. "Quand on n’est pas d’accord, on part ou on ferme sa gueule comme le disait Jean-Pierre Chevènement. Comme tu n’as fait ni l’un ni l’autre, on le fait pour toi."
De profondes divisions au sein de la majorité municipale
Ces expressions très tranchées, comme le résultat du vote, révèlent de profondes divisions au sein de l'équipe de Gaël Perdriau. S'il est toujours majoritaire dans sa mairie, il ressort affaibli de ce scrutin. Dix élus de son équipe, dont quatre de ses adjoints, ont refusé de participer au vote.
Un de ses adjoints, Denis Chambe, s'est même solidarisé avec Lionel Boucher en manifestant son indignation sur le vote de destitution. Et il a interpellé fortement le maire et ses soutiens sur leurs responsabilités dans l'affaire du chantage à la sextape vis-à-vis de Gilles Artigues.
"Nous sommes dans une affaire d’exception. On n’est pas dans une affaire financière, mais dans une affaire qui touche aux mœurs, à la morale. Et nous avons des faits. Nous avons entendu des choses, on ne peut pas dire qu’on ne sait pas. Quand j’entends parler de stricte neutralité, je ne comprends pas comment on peut se permettre de dire ça. Attendre que la justice dise combien ça vaut, ce n’est pas possible."
Des paroles fortes qui pourraient faire de Denis Chambe le prochain sur la liste des exclus. À Saint-Etienne, si la majorité municipale n'explose pas malgré ces affaires, petit à petit, elle se réduit, de façon inexorable.