Lyon-Turin: les appels d'offres pourraient être reportés, la tension retombe en Italie

Les appels d'offres pour la poursuite des travaux de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (LGV) pourraient être reportés, un sursis qui désamorce, au moins provisoirement, la crise qui secoue le gouvernement italien sur cet épineux dossier.

"Nous allons vers un report des appels d'offres", dont la date butoir était ce lundi 11 mars, ont indiqué  ce samedi  9 mars à l'AFP des sources proches du gouvernement, confirmant des informations de presse. 

  Selon un porte-parole de TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin), chargé de la construction de la nouvelle ligne ferroviaire, la société franco-italienne avait reçu samedi un courrier de la présidence du Conseil italien, sans toutefois en préciser la teneur.  

 Selon les médias italiens, la lettre envoyée par le gouvernement italien à la TELT sera examinée lundi par le conseil d'administration, qui prendra acte de ce document.

 Les forces de la majorité au pouvoir à Rome ont multiplié ces dernières semaines les tractations sur ce dossier qui les oppose afin d'éviter une chute du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne.

    Les deux hommes forts de l'exécutif, Matteo Salvini, vice-Premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite), et son homologue Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), sont à couteaux tirés sur ce projet.

 Vieux de plusieurs décennies, le projet de LGV Lyon-Turin vise à réduire les transports de marchandises en camions au profit du rail et à diviser par deux le temps de trajet pour les passagers, en mettant Turin à deux heures de Lyon.

 La Ligue, ancrée dans le nord de l'Italie et proche de ses entreprises, est très favorable à cette nouvelle infrastructure, estimant qu'elle est une source de développement et d'emplois, tandis que le M5S, pour qui elle représente un formidable gaspillage d'argent public, y est opposé.

  Réviser le financement 

  "Sur la LGV, la situation est en train de se résoudre positivement Donc, désormais, parlons d'autre chose et avançons", a déclaré samedi sur Facebook Luigi Di Maio.
  "Je suis disponible pour tout. S'il n'y a pas d'accord de gouvernement, le Parlement peut se prononcer, les Italiens peuvent se prononcer par un référendum consultatif", a expliqué de son côté Matteo Salvini.

    Les deux hommes ont signé en juin un "contrat de gouvernement" dans lequel il est stipulé que la liaison ferroviaire Lyon-Turin devrait être "intégralement rediscutée".
    Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, l'a rappelé jeudi en demandant à la France et à l'UE, partenaires du projet, de s'asseoir à la table des négociations. L'Italie souhaite, en particulier, que soit revue la répartition du financement du Lyon-Turin, dont le coût est supporté à 40% par l'UE, 35% par l'Italie et 25% par la France. 

    M. Di Maio a d'ailleurs lourdement insisté pour que "l'argent des Italiens ne soit pas engagé, lié" dans l'immédiat par la poursuite de ce projet, dans la mesure où il doit être renégocié, notamment dans son financement.

    "Il est juste de demander davantage de contribution à la France et à l'Union européenne. Tout peut être amélioré mais il ne faut pas l'arrêter. J'espère que le bon sens l'emportera", a indiqué vendredi M. Salvini.

La Ligue entend bien aller de l'avant, insistant sur le fait que les appels d'offre ne sont pas contraignants dans l'immédiat et qu'ils laissent le temps de discuter avec la France et l'UE, sans perdre les financements communautaires.

 Ce n'est pas la première fois que le gouvernement italien est en difficulté sur les sujets qui le divisent, du décret controversé sur la sécurité et l'immigration à la loi sur la légitime défense en passant par le budget.

 A chaque fois, un accord avait pu être trouvé, MM. Di Maio et Salvini ayant à coeur de sauver leur "mariage" politique, conclu il y a un an après les bons scores de leurs partis aux législatives du 4 mars.

  Mais cette fois, les choses s'annoncent plus compliquées. Vendredi, la presse italienne titrait sur "l'affrontement final" sur le TGV Lyon-Turin, tout en restant prudente sur les chances ou non de survie du gouvernement.

 Les deux hommes semblent en effet convaincus qu'ils auraient beaucoup à perdre en cas de chute du gouvernement et que celui qui en serait à l'origine en paierait le prix le plus lourd.
  
    
  

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