Le double champion olympique français Martin Fourcade a qualifié mardi 3 janvier de "mascarade" les décisions prises par la Russie et la Fédération internationale de biathlon (IBU) après les révélations de 31 cas de dopage parmi les biathlètes russes lors de la publication du rapport McLaren.
La Russie a renoncé le 22 décembre à organiser l'étape de Coupe du monde à Tyumen (9-12 mars), alors que de son côté, l'IBU a suspendu deux des 31 biathlètes soupçonnés et a lancé une enquête pour clarifier la situation des 29 autres.
"Annuler la Coupe du monde à Tyumen, c'est une mascarade de lutte contre le dopage", a expliqué Martin Fourcade à plusieurs journalistes lors d'une conférence téléphonique.
"Les seuls qui sont punis, ce sont les fans de biathlon en Russie et c'est un moyen de satisfaire ceux qui voulaient des pseudo-sanctions contre la Russie. Il y en a plein qui sont contents, qui ont l'impression qu'il y a des choses qui se passent. Mais ça ne change rien. Je suis fatigué de ça, je suis énervé", a-t-il pesté.
"Je suis un peu saoulé, parce que c'est exactement la configuration que j'avais imaginée", a ajouté le quintuple vainqueur et actuel leader de la Coupe du monde. C'est beaucoup de bruit pour pas grand chose."
"Pas Luther King ni Mandela"
Avant les décisions de la Russie et de l'IBU, Fourcade avait évoqué l'idée d'un boycott des épreuves de la Coupe du monde, en cas de clémence avec la Russie.
"Deux athlètes suspendus pour avoir violé les règlements antidopage, c'est une très bonne chose, mais c'est la moindre des choses. 29 athlètes sur lesquels ils (l'IBU, NDLR) enquêtent, cela ne veut rien dire, ou alors il faut dire sur quoi ils enquêtent. Il n'y a pas de secret défense là-dedans et je trouve dommage qu'il n'y ait pas de
communication à ce niveau-là", a-t-il regretté.
Mardi, il n'a fermé aucune porte mais n'envisage des actions que dans un cadre collectif, alors qu'une réunion avec d'autres biathlètes en marge de l'étape de Coupe du monde à Oberhof, en Allemagne de jeudi à dimanche, est prévue.
"On doit se rencontrer avec les athlètes de la Coupe du monde dans le courant de la semaine pour faire remonter ces points de désaccord", a-t-il annoncé.
"Un boycott, je ne le ferai pas tout seul, je ne vais pas me sacrifier pour tous les autres, je ne suis pas Luther King ni Mandela et je n'ai pas vocation à l'être", a-t-il précisé.
"Je n'ai aucun combat contre la Russie, j'aimerais juste que ma Fédération soit plus courageuse contre le dopage et prenne des mesures exemplaires. Aujourd'hui, je trouve que ce n'est pas le cas et il y a d'autres pays qui trouvent que ce n'est pas le cas."
"On a besoin de se retrouver entre athlètes pour parler d'une seule voix. Je n'ai pas envie d'être le seul porte-drapeau de la lutte antidopage", a-t-il conclu.