Montagne : la pollution de l'air atteint les sommets

À très haute altitude, loin des paysages urbains, on croit l'air pur. C'est faux. Au dessus de 2000 m d'altitude, on retrouve des traces de particules fines issues de l'industrie ou du chauffage notamment. La pollution de l’air est partout menaçante pour notre santé et notre environnement. Scientifiques et sportifs de haut niveau travaillent désormais ensemble.

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Non, l’air de nos montagnes n’est pas plus pur qu’ailleurs. Sa qualité y est menacée comme presque partout sur la planète. Pour la mesurer, les scientifiques d’ATMO (Organisme de référence chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes), ont développé un capteur innovant. Pendant un an, plusieurs de ces petits boîtiers de 200 grammes chacun ont été confiés à des athlètes de haut niveau. Une vingtaine en tout. Parmi eux, Xavier Thévenard, champion de l'Ultra Trail du Mont-Blanc et Marion Haerty, championne du monde de snowboard freeride.

En tant qu'athlètes, nous faisons partie de cette société de consommation à travers nos voyages et compétition. Raison de plus pour participer à ce projet

Marion Haerty, championne du monde de snowboard freeride

Avec l’aide des associations Protect Our Winters et Une Bouteille À La Mer, dont le freerider Mathieu Navillod est président, ces sportifs exploitent leur connaissance approfondie de la montagne pour fournir des données inédites aux scientifiques grâce aux capteurs fixés sur leur sac à dos. Ainsi, des parapentistes comme Loïs Goutagny peuvent aller faire des relevés à plus de 5000 mètres d’altitude : "Ce projet nous a permis d'ouvrir les yeux sur cette thématique de la pollution en montagne ", explique Mathieu Navillod. "Le défi consiste à acheminer les microcapteurs dans des endroits habituellement inaccessibles et sur de longues périodes. Ce qui est possible lors de nos entraînements. "

L'air que l'on respire

Quand on sait que notre corps absorbe 15 000 litres d'air par jour, c'est bien de connaître sa qualité. On sait qu'il est composé à 78% d'azote, à 21% d'oxygène et à 1% d'argon. Il contient également de la vapeur d'eau en quantité variable. C'est ce même air, indispensable à la survie des espèces, dont la nôtre, qui une fois pollué, nous tue. 

Il existe trois grandes sources de pollution atmosphérique :

  • L’oxyde d’azote, principalement émis par le trafic routier.
  • L’ozone, qui résulte de la transformation de l’oxygène en présence d’autres gaz et à des températures élevées. 
  • Les particules fines, également appelées aérosols. Elles sont liées aux activités humaines, telles que l’industrie, le chauffage et l’agriculture. Ces particules fines n'ont pas le même impact sur la santé. Pour chaque mètre cube d’air, il existe environ 100 molécules différentes, dont beaucoup restent méconnues. Et ce sont elles, les particules fines, qui occasionnent le plus de dégâts sur la santé.

Si les polluants représentent moins de 0,05% de la composition de l'air ils n'en sont pas moins dangereux pour la planète et pour la santé.

L'air, ce tueur silencieux

À l’échelle mondiale, la pollution de l’air, surnommée « silent killer » (tueur silencieux), cause près de 8 millions de décès par an dont près de 50 000 en France.

Gaëlle Uzu est géochimiste de l'atmosphère à l'université de Grenoble . Elle est intervenue le 15 mars 2024 dans l'émission Vous êtes Formidables (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes).
" L’impact de la pollution sur la santé est surtout dû aux particules fines, responsables de 75% à 90% des effets néfastes, le reste étant lié aux gaz oxydants".

Ces particules, en fonction de leur taille et de leur composition chimique, peuvent pénétrer profondément dans l’organisme. En atteignant les petites artères des poumons elles se promènent dans le sang et provoquent des réactions inflammatoires.

Et si nos poumons disposent d’un système de défense naturel grâce aux antioxydants ils ne peuvent pas toujours contrer ces particules. Dans le documentaire "Notre Air" (Réal. Dorothée Adam et Mathieu Navillod ) Gaëlle Uzu explique ce qu'est le potentiel oxydant, mis en évidence par l’Institut des Géosciences de l’Environnement, basé à Grenoble (Isère). Cet indicateur permet d’évaluer l’exposition à la pollution atmosphérique. Il simule l’inhalation des particules et les met en contact avec des fluides pulmonaires naturellement présentes dans nos poumons. Cela montre si ces particules induisent un stress oxydatif, un facteur clé à l’origine de différentes pathologies liées à la pollution. Environ 36 % des cancers du poumon pourraient être dus à cette pollution.
Lors des pics de pollution, les risques d’infarctus, d’AVC et de troubles respiratoires, comme l’asthme ou la bronchite, augmentent. Même à des niveaux faibles, les polluants atmosphériques peuvent provoquer des irritations immédiates des yeux, du nez et de la gorge.

La faune et la flore d'altitude sont, elles aussi, menacées

Les Alpes, refuge d’espèces uniques comme le mouflon, le bouquetin, le chamois et la marmotte, voient ces animaux menacés. Les particules fines et les dépôts acides perturbent leurs habitats, diminuant la biodiversité. Ces polluants nuisent à leur santé, entraînant des problèmes de reproduction et de nutrition.

Les oxydes d’azote et le dioxyde de soufre transforment les pluies, la neige et brouillard en pluies acides, altérant les sols et les cours d’eau. Les végétaux comme l'edelweiss et la saxifrage, ainsi que des arbres comme l'épicéa commun, le mélèze et l’arolle, sont particulièrement sensibles. L’ozone, en pénétrant dans les feuilles, provoque des tâches, des nécroses, une réduction de la photosynthèse et un vieillissement prématuré.

Bien qu’il absorbe le rayonnement UV, protégeant la vie sur Terre, l’ozone contribue également au réchauffement climatique en absorbant les rayons infrarouges. Cette pollution crée une boucle de rétroaction : l'augmentation des gaz à effet de serre intensifie les températures, ce qui entraîne la fonte des glaciers, libérant encore plus de ces gaz dans l'atmosphère.

On comprend alors mieux pourquoi les relevés effectués en altitude par des athlètes de haut niveau, sont précieux pour les scientifiques.

Dans L'info en + Climat sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, Lise Riger a évoqué cette semaine la thématique de la qualité de l'air en altitude avec l'athlète de freeski Mathieu Navillod, président de l'association "Une Bouteille À La Mer". A voir et revoir sur France.tv

 

 

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