Municipales : les préférences des candidats à Clermont-Ferrand, Aurillac et dans l'Allier pour le 2ème tour

Suspendu à cause du coronavirus, le second tour des élections municipales doit avoir lieu dans 4922 communes en France. Doit-on l’organiser fin juin ou en octobre? Le point de vue des candidats à Clermont-Ferrand, Moulins, Montluçon et Aurillac.
 

En indiquant que les 30 000 conseils municipaux déjà élus le 15 mars 2020 seraient installés avant le 28 mai, le Premier Ministre Edouard Philippe a reposé la question du second tour des élections municipales perturbées par la crise du coronavirus et la pause du confinement. Le gouvernement s’appuiera sur l’avis que lui remettra le conseil scientifique le 23 mai. Un dossier où se mêlent contraintes sanitaires et stratégies politiques. Qu’en pensent les candidats de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, de Moulins et Montluçon dans l’Allier et d’Aurillac dans le Cantal ?

Les maires sortants veulent retrouver toute leur légitimité

A l’exception du Puy-en-Velay en Haute-Loire et de Vichy dans l’Allier où les équipes sortantes ont été réélues dès le 1er tour, les maires des autres grandes villes en Auvergne sont en ballotage favorable, et toujours aux affaires depuis la mise en place du confinement. Ils ont géré la continuité des services municipaux et le retour dans les écoles, ils plaident donc pour un second tour fin juin. Le maire de Clermont-Ferrand Olivier Bianchi conduisant une liste d’union de la gauche « Naturellement Clermont » indique l’avoir écrit très vite à Emmanuel Macron et avoir défendu cette position au sein de l’association France Urbaine qui regroupe 140 métropoles, communautés d’agglomérations et grandes villes : "Plus vite c’est possible, mieux c’est ; car si l’Etat veut s’adosser aux territoires pour le plan de relance, il vaut mieux que dans les intercommunalités ne se côtoient pas des gens déjà élus et d’autres entre deux tours. Et puis au moment où on déconfine l’école, les commerces, l’industrie et le tourisme, pourquoi ne pas déconfiner la démocratie". Pour Pierre Mathonier, maire d’Aurillac dans le Cantal (liste d’union de la gauche « Unis pour Aurillac ») argumente: "Ainsi on pourrait travailler efficacement avec la légitimité : le temps qu’on perd aujourd’hui, c’est du temps perdu pour des projets structurants à venir, y compris pour la communauté d’agglomération". Enfin Frédéric Laporte (liste LR « Tout pour Montluçon ») fait une réponse en 3 temps : celle du maire qui le fait pencher pour un 1er tour rapide "Ce n’est pas confortable de diriger une collectivité sans savoir si on peut s’engager sur le long terme", mais il y a aussi le candidat qui s’interroge sur "la difficulté à remettre une campagne en route" et le citoyen qui hésite : "comment organiser une élection avant qu’on ait réglé la question du Covid 19 ?".

Incertains et dans l’attente de l’avis médical

"Je suis médecin, toutes mes prises de position sur ce sujet sont dictées par la crise sanitaire et je soutiendrai la position du comité scientifique" clame Frédéric Kott, conduisant la liste divers gauche « Changeons la donne » à Montluçon. Avis que partage le dentiste Jean-Pierre Brenas, LR et Modem pour « Révéler Clermont » "Pour moi la meilleure date est celle qui permettra d’assurer le scrutin dans des conditions sanitaires irréprochables et ce dans les meilleurs délais. Dans le même temps il est important d’installer les instances décisionnaires pour pouvoir délibérer en faveur de l’aide sociale, du soutien économique et de la commande publique".

Mais la politique revient vite dans leurs propos ; ainsi pour Eric Faidy : candidat LREM, « Ensemble transformons Clermont » "retarder permettrait aux listes LREM de construire encore leur notoriété, mais en fait, il est préférable d’en finir au plus vite pour que les exécutifs puissent engager des projets afin d’accompagner les plans de relance, si les conditions sanitaires sont réunies bien évidement et ça ce sont les experts qui nous le diront".

Enfin Stefan Lunte, conduisant la liste divers droite « Pour Moulins » dit : "Je respecterai le choix du gouvernement. Mais il faudrait que ce soit en cohérence avec les décisions prises pour le déconfinement, déjà on peut se désoler de la faible participation au premier tour, il ne faudrait pas que ce soit pire au second".

Rendez-vous en septembre ?

Alors dans ces conditions pourquoi en pas renvoyer la conclusion des municipales fin septembre – début octobre pour les communes où l’on doit organiser un second tour. C’est le choix de Sylvie Sartirano, conduisant la liste divers gauche « Montluçon dès Demain » "Au regard des raisons sanitaires et alors qu’on est en phase de déconfinement et que le virus circule toujours, ce serait mieux en octobre car on n’est pas préparés. Et puis l’intérêt de la population est très relâché, je ne vois pas comment on pourra faire campagne". Avis que partage Jean-Antoine Moins, soutenu par LR, conduisant la liste « Réinventons Aurillac » "Je pense que juin, ce n’est pas approprié. Les Aurillacois ne sont pas dans l’idée de se dire qu’il y aurait une élection, mais qu’en est-il de mon travail, de ma santé, de mes enfants à l’école et de mes parents en maison de retraite ? Je ne vois pas comment on peut les intéresser à une élection et on risque d’avoir une participation encore plus faible. Septembre aurait l’avantage de laisser passer le confinement et ses suites". Joseph Roudillon, conduisant la liste « Montluçon ensemble liste ouverte » va dans le même sens : "On est dans l’aléa sanitaire. Un second tour en mai ne va pas favoriser la participation alors qu’on sort d’une crise sanitaire grave et d’un voit se profiler une crise économique aussi grave".


Le Président de la République n’y serait pas favorable, préférant tourner définitivement la page des municipales, ce qui permettrait de se focaliser sur les élections sénatoriales qui devraient se tenir en septembre alors qu’une partie du corps électoral est composé des délégués des conseils municipaux. Autre difficulté, il faudrait comme le demande le Conseil d’Etat tout reprendre à zéro et organiser deux tours "Ça ne sera pas facile de remobiliser les équipes, peut-être faudra-t-il refaire certaines listes" s’inquiète Frédéric Laporte. "Et puis s’il y a une interruption au cours de l’été l’Etat va devoir dès maintenant rembourser les frais de campagnes aux listes qui ont atteint les quotas au premier tour, c’est une somme à sortir alors que les finances publiques sont impactées par la crise du coronavirus" indique Olivier Bianchi.

Le sort du second tour dans 4922 communes sera tranché après l’avis rendu par le conseil scientifique et un vote à valeur consultative du parlement français.

 
Déjà élus, bientôt installés
Dans 30.139 communes les conseils municipaux ont été élus au premier tour. La première réunion du conseil municipal, qui permettra notamment d'élire le maire et ses adjoints, doit ensuite se tenir dans les cinq à dix jours suivant la date d'entrée en fonction des conseillers municipaux prévue le 18 mai, soit entre le samedi 23 mai et le jeudi 28 mai. Autrement dit, au plus tard le jeudi 28 mai, 30.000 des 35.000 communes françaises auront un conseil municipal installé et un maire et des adjoints élus dans des conditions normales", a souligné le premier Ministre Edouard Philippe devant l'Assemblée Nationale. "Il y a 154 conseils communautaires qui sont entièrement constitués dès le premier tour. Ceux-là se réuniront au plus tard le 8 juin, c'est-à-dire trois semaines après leur date d'entrée en fonction, et ils pourront élire leurs exécutifs". Les conseils d'environ 79% des communes concernées comptent moins de 20 élus et
95% moins de 30, selon les chiffres officiels.
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