Cinq ans de prison, soit la même peine qu'en première instance, ont été requis mercredi devant la cour d'appel de Grenoble pour l'un des deux meneurs de la mutinerie de la prison centrale de Valence en novembre dernier.
Cette prison flambant neuve, ouverte fin 2015, a connu sa première mutinerie dès septembre 2016, puis une seconde le 27 novembre 2016. Cette dernière s'était soldée, sans faire de blessé, par l'incendie de quatre cellules et la mise à sac de trois étages.
In fine, tout le bâtiment des longues peines avait été mis hors service avec des dégâts estimés à 1,6 million d'euros.
Deux détenus, Romain L. et José T., avaient revendiqué leur rôle d'instigateurs, eux qui s'étaient emparés des clés d'un surveillant pour ouvrir à leurs codétenus, en prenant toutefois garde que personne ne soit blessé.
Jugés en comparution immédiate, le 10 mars, devant le tribunal correctionnel de Valence, qui les avaient condamnés à cinq ans de prison, ils avaient utilisé l'audience comme une tribune pour dénoncer la "déshumanisation" de cette prison du XXIe siècle.
Le directeur de la prison avait d'ailleurs été muté en décembre et le garde des Sceaux d'alors, Jean-Jacques Urvoas, avait reconnu un "régime particulièrement dur" à la prison de Valence dans une réponse à un parlementaire de la Drôme.
Le seul moyen de nous faire entendre
Seul Romain L., 33 ans, et qui n'avait déjà que 2033 comme horizon de sortie, est allé au bout de son appel et a comparu mercredi à Grenoble. "Je trouve la sentence abusive", a déclaré ce grand blond, tout en muscles et en mots choisis.
Issu de la communauté des gens du voyage, placé à 5 mois en famille d'accueil et n'ayant jamais connu ses parents incarcérés, ce gaillard au casier portant 19 mentions, dont un meurtre sur fond de trafic de drogue, a assumé son action.
"C'était le seul moyen de nous faire entendre, nous, longues peines de France", a assuré en lisant ses notes celui qui dit avoir écrit à toute l'administration, tenté des blocages passifs, des pétitions avant de "tout casser". "J'ai commis des méfaits graves, je paie et c'est normal. J'ai un genou à terre mais j'ai ma dignité, je ne mettrai pas les deux à terre", a-t-il affirmé.
Si l'avocat général a requis la confirmation des cinq ans prononcés, qualifiant cela de "juste peine au regard des dégradations commises", Me Ripert a plaidé la relaxe, "seule décision conforme" si la cour "applique la loi dans sa sévérité et sa rigueur". Il a estimé que "la décision de Valence, c'est de l'arbitraire et de l'autoritarisme", cette justice "que je ne cesse de combattre". "No Pasaran", a-t-il conclu.
Délibéré le 11 juillet.