Le tribunal de commerce de Paris est le théâtre ce mardi d'un nouveau round dans le combat judiciaire opposant XPO Logistics, le nouveau propriétaire du Groupe Norbert Dentressangle - dont le siège est à Lyon - au fonds d'investissement Elliott qui s'est imposé au capital de l'entreprise.
Un patron remercié, des actionnaires qui se déchirent devant la justice : six mois après, le rachat inattendu de Norbert Dentressangle, fleuron français du transport et de la logistique passé sous pavillon américain, plonge les syndicats maison dans l'expectative.
La justice française a été saisie par l'américain XPO, qui a déboursé en avril plus de trois milliards d'euros pour le rachat de 67% de Norbert Dentressangle. Le groupe est mécontent de l'intrusion, juste après cette annonce, du fonds Elliott Capital Advisors au capital du groupe français.
Ce fonds - dit "vautour" (il s'est notamment illustré en réclamant à l'Argentine en crise le remboursement de sa dette au prix fort) - a progressivement racheté 9,06% des actions du logisticien et transporteur routier.
XPO Logistics demande notamment à la justice que toutes les actions acquises par Elliott Capital Advisors soient rétrocédées à Bank of America, qui les lui avaient vendues.
Un fonds "vautour"
La montée aussi brusque que soudaine d'Elliott au capital du transporteur et logisticien lyonnais empêche XPO d'enclencher une procédure de retrait obligatoire qui contraint les derniers actionnaires minoritaires à céder leurs actions à l'actionnaire majoritaire aux mêmes conditions que l'OPA, opération qui, in fine, permet de sortir la société de la Bourse.
"On ne peut pas dire que ça pèse sur les salariés et, syndicalement, ce n'est pas notre problème. On est plutôt inquiets sur le projet industriel", commente Christian Cottaz, délégué syndical CFDT.
A ce titre, le départ surprise d'Hervé Montjotin, le président du directoire de Norbert Dentressangle, le 8 septembre, a été interprété comme un mauvais signal par les représentants des salariés. "On savait très bien qu'il allait partir un jour mais, il n'empêche, la rapidité de son départ nous inquiète sur la continuité du management", observe Nicolas Peyrot, de la CFTC. Car, comme l'a souligné FO, M. Montjotin devait "rester le pilier et le garant du génome N. Dentressangle".
Dans un entretien accordé à l'AFP en juin, M. Montjotin promettait "une très grande continuité managériale, avec la même équipe dirigeante en Europe".
Une direction qui reste à Lyon ?
Après ce revirement et la nomination de l'Américain Troy Cooper qui cumulera le poste de responsable des opérations de XPO au niveau mondial avec la direction de la filiale européenne, quid des autres promesses? En particulier le maintien du nombre actuel d'employés à temps plein en France, pour au moins 18 mois à compter de la clôture de l'acquisition?
Les syndicats, qui rappellent les péripéties judiciaires de Norbert Dentressangle en raison de l'emploi de chauffeurs routiers des pays de l'Est (une partie de la procédure a été annulée à Valence, l'appel sera examiné en mars à Grenoble), n'idéalisent pas la politique sociale de l'ex-groupe familial. Ils regrettent néanmoins l'ADN français d'une "entreprise dirigée depuis la France".
Demain, ils craignent que les centres de décision à Malakoff (Hauts-de-Seine) et surtout dans la Drôme et à Lyon ne ferment au profit d'un pilotage depuis les Etats-Unis. Une hypothèse qui est pour l'heure catégoriquement écartée par XPO Logistics.
Avides d'informations sur la stratégie industrielle de la nouvelle entité, les syndicats attendent avec impatience le 5 octobre, date du premier rendez-vous entre les partenaires sociaux et le nouveau directoire.