Le Parc du Haut-Allier a t-il du plomb dans l'aile ?

Les 88 communes du périmètre du futur Parc Naturel Régional des "sources et gorges du Haut-Allier" ont jusqu'au 25 octobre pour décider d'en faire partie ou non. Déjà 16 communes ont rendu un avis défavorable. Les chambres consulaires émettent aussi des réserves.

Voilà cinq ans déjà que le projet est sur les rails : créer un troisième Parc Naturel Régional en Auvergne après celui des Volcans et celui du Livradois-Forez. Avec la rivière Allier pour colonne vertébrale, il s'étendrait de Brioude en Haute-Loire à Langogne en Lozère, un territoire essentiellement rural, fragile et isolé (en dehors des principaux bassins industriels de Brioude et Langeac).
Après plus de 300 réunions publiques, on est dans la dernière ligne droite : la charte définitive, le document qui définit les orientations de la structure pour les douze prochaines années, a été rédigée et l'enquête publique a donné un avis favorable.
Reste donc aux communes (69 en Haute-Loire et 19 en Lozère) et aux communautés de communes à dire si elles veulent ou non adhérer à cette charte et faire partie du Parc. Les collectivités doivent donner leur position avant le 25 octobre.

Un projet fragilisé

A ce jour, 53 communes ont pris des délibérations favorables au projet, 19 ne se sont pas encore prononcées et 16 ont rendu un avis défavorable.Ces 16 communes des secteurs de Lavoûte-Chilhac (commune du député-maire Jean-Pierre Vigier, Les Républicains) et Pinols en particulier ne devraient donc logiquement pas faire partie du nouveau PNR (sauf si les conseils municipaux changent d'avis avant le 25 octobre). C'est le cas de Desges, petite commune de 61 habitants, où les élus municipaux ont voté à l'unanimité contre le projet.

Le maire, Joseph Vissac, s'explique 

"On redoute de nouvelles contraintes, il y en aura forcément. Les agriculteurs, les forestiers, les rares professionnels restant sur le secteur ont déjà assez d'inconvénients, sans en rajouter d'autres !".
Il ne précise pas plus sa pensée mais poursuit : "Et puis quand on voit ce que va coûter le fonctionnement de cette structure (NDR : 700 000 euros par an prévu), je ne suis pas d'accord !".
Face à cette défiance, Lionel Roucan, l'élu vert de la Région Auvergne qui porte le projet sur les fonds baptismaux depuis le début, hausse les épaules : "Un parc ici, c'est une chance pour le territoire, un outil pour mobiliser des fonds européens, apporter une ingénierie pour des projets de développement".
Celui qui est à la tête de l'association de préfiguration du Parc des sources et gorges du Haut-Allier est aujourd'hui un peu désabusé : "Le label dépend directement du vote des communes. Les votes contre mettent en péril le projet de Parc en entier. Le Ministère de l'Environnement qui délivre le label regardera la cohérence du projet. Sans cohésion, on risque un refus, ce serait vraiment dommage pour les habitants, pour l'intérêt général !".


Les consulaires réservés

Autre épine dans le pied : les chambres consulaires (Chambre d'Agriculture, Chambre des Métiers, Chambre de Commerce et d'Industrie) viennent de faire savoir par voie de presse qu'elles trouvaient le projet du Haut-Allier pas assez axé sur le développement économique.
"On n'est pas contre, mais d'une part, on veut être présents dans la gouvernance du Parc Régional (dans son futur conseil syndical) et on veut que le volet économique soit plus clairement mis en avant", explique Jocelyne Duplain, présidente de la CCI de Haute-Loire.
Le paradoxe, c'est que les organes consulaires en question ont été associés dès le départ à la réflexion, ils ont même touché 50 000 euros pour faire des diagnostics du territoire, d'après Lionel Roucan.
Se défendant de toute arrière pensée politique à quelques semaines des élections Régionales de décembre (le projet est très soutenu par les deux Conseils régionaux d'Auvergne et Languedoc-Roussillon dirigés actuellement par la Gauche), la présidente de la Chambre de Commerce de Haute-Loire s'explique : "Il faut un Parc, mais le volet développement économique n'est pas assez marqué. On a oeuvré pour représenter nos entreprises, on a apporté nos contributions mais c'est trop dilué dans la charte définitive !".

Les élus consulaires demandent une pause

Le président de l'association de préfiguration se contente de répondre que c'est le Ministère de l'Environnement qui tranchera, une fois que toutes les communes auront fait connaître leur position. Il rajoute seulement : "C'est dommage que certains fassent passer des ambitions politiques imbéciles avant l'intérêt de ce territoire rural et isolé…"

La carte des délibérations sur le projet de Parc


Reportage : Gérard Rivollier, Elodie Monnier. Montage : Stéphanie Salmon


 





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