Un rapport du Sénat rendu public jeudi 27 juin est accablant sur la sécurité des ponts en France et réclame un "plan Marshall" pour les entretenir. Quel est l'état de ces infrastructures dans notre région Auvergne-Rhône-Alpes ? Des ponts sont jugés dangereux autour de Grenoble et dans l'Ain.
Un pont sur 10 serait dans un état dangereux : c'est l'une des conclusions du rapport "Sécurité des Ponts, éviter un drame", rédigé par une dizaine de sénateurs qui ont lancé cette vaste enquête après la catastrophe du pont de Gênes le 14 août 2018. "Au moins 25.000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers" en France écrivent-ils. Les sénateurs s'étonnent du fait que l'on ne puisse pas connaître le nombre exact de ces infrastructures.
Près de 20 % des ponts des petites communes en France (soit plus de 16.000 ponts) présenteraient aujourd’hui "une structure altérée ou gravement altérée" selon le rapport.
Des ponts de Grenoble en grand danger ?
Difficile de dire combien de ponts précisément sont exploités dans la Métropole grenobloise : "Nous détectons aujourd’hui des ouvrages orphelins qui n’apparaissent nulle part, et nos inventaires ne font que s’accroître d’année en année. Nous avions recensé à l’origine 1.200 ouvrages d’art sur le territoire métropolitain. À peine deux ans plus tard, à la suite des inventaires complémentaires, nous en comptabilisons 1.500" affirme Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole et vice-président de l’Association des maires de France, interrogé par les sénateurs.
"Certains ouvrages usés jusqu'à la corde"
Il précise : "Pour l’essentiel, ces ouvrages n’ont pas fait l’objet d’un suivi conforme aux obligations réglementaires." Depuis 2 ans la Métropole investit 20 M € pour des réparations, mais chaque année des inspections dévoilent "de nouveaux ouvrages en péril nécessitant des mesures immédiates". Pire : "Plusieurs ouvrages orphelins en état de péril ne sont pas pris en charge à ce jour (...). Certains ouvrages sont usés jusqu’à la corde." Certains doivent être "reconstruits" dit-il.
Un pont dangereux à Balan dans l'Ain
Sur la commune de Balan dans l'Ain, le pont routier de Jons est concerné. Devant les sénateurs, un élu (dont le nom n'a pas été précisé dans le rapport) indique: "Nous avons un pont dont l’état se dégrade. Il n’est pas normal que l’entretien de ce pont soit à la charge de la commune alors que les utilisateurs viennent principalement d’une autre communauté de communes. La réfection du pont devrait être à la charge du département et non de la commune."
Le rapport accablant
L'état préoccupant d'au moins 25.000 ponts routiers en France exige un "plan Marshall" pour rénover ces ouvrages d'art dans les dix ans, en mettant l'accent sur l'assistance aux petites collectivités territoriales, estiment les sénateurs dans ce rapport."Au moins 25.000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers", s'alarme la mission d'information sur la sécurité des ponts. Avec le temps, il est apparu que certains types de ponts présentent "des pathologies particulières: il s’agit en particulier des ponts en béton précontraint construits avant 1975 et des ponts et buses métalliques. Les grands ouvrages en béton précontraint sont particulièrement à risque."
"Le réchauffement climatique peut avoir des conséquences néfastes par la multiplication d’événements exceptionnels, dans la mesure où les ponts sont conçus pour résister à des amplitudes météorologiques acceptables" précise le rapport.
Parmi ces ouvrages problématiques, les sénateurs comptent 7% des ponts de l'Etat, 8,5% des ponts des départements, et "probablement 18 à 20%" des ponts des communes et des intercommunalités, selon ce rapport dont l'AFP a eu connaissance mercredi 26 juin. A cet égard, ils s'étonnent de l'"absence d'un recensement exhaustif des ponts gérés par les collectivités territoriales": "le nombre exact de ponts routiers en France n'est pas connu!" Il y en aurait entre 200.000 et 250.000.
La dégradation de l'état des ponts "a fortement augmenté sur les dix dernières années", s'explique par le vieillissement des ouvrages construits dans l'après-guerre et "un sous-investissement chronique dans l'entretien du patrimoine", selon eux. Or, "l'état des ponts constitue avant tout un enjeu majeur de sécurité pour les usagers", soulignent-ils.