Fabien Barrau a deux casquettes. Officiellement, cet aveyronnais d'origine est restaurateur à Val Thorens. Dans les faits, il vit pour sa passion du trail, de la montagne, et des compétitions hors normes.
Une piste, entièrement déserte, quelque part à Val Thorens. Un panorama magnifique au coeur des Alpes. Pour Fabien Barrau, 34 ans, un terrain de jeu à plus de 3 000 mètres d'altitude. C'est là que cet habitué des trails et des courses à pied extrêmes s'entraîne tous les jours.
Pendant l'hiver, c'est à ski de randonnée, chaussé des fameuses "peaux de phoques", qu'il entretient sa forme. Certains jours, il peut avaler 1100 mètres de dénivelé positif entre le départ du virage de Caron et la cime de Caron.
"Bien sûr c'est du ski de randonnée, mais ça ressemble beaucoup au trail qu'on fait en été, explique le sportif. Les mouvements et l'effort sont quasiment les mêmes. C'est aussi pour humer l'air de la montagne, c'est pour ça qu'on fait ces sports-là"
Cet aveyronais est arrivé en Savoie pour une saison - une seule - il y a maintenant 13 ans. Il n'en est plus jamais reparti. A la tête de l'un des plus gros restaurants de la station, Fabien doit jongler entre ses différentes activités. D'ailleurs, ce jour-là, l'entraînement doit être écourté : le service commence dans une demie-heure.
Le trailer fait place au restaurateur
Le restaurant de Fabien est l'un des plus importants de Val Thorens. Idéalement situé au pied des pistes, sa terrasse prend le soleil toute la journée, remplie de skieurs fatigués.« C’est vrai que pendant deux ou trois mois, on a un rythme de saison très soutenu, souligne le patron. Mais on essaye quand même de trouver du temps, c'est très important pour nous. »
Fabien parle au pluriel car sa passion est née avec une solide bande d’amis. C’est avec eux qu’il a commencé à relever de petits défis, pour s'amuser. Puis les années ont passé et les challenges ont changé d’échelle : aujourd’hui le champion rêve du Grand Raid.
Son prochain défi s’appelle aussi la "diagonale des fous", c’est l'une des courses les plus difficiles au monde. En tout, 165 kilomètres à travers l'Ile de La Réunion, avec 10 000 mètres de dénivelé positif. L’épreuve est prestigieuse, elle fait partie de la petite liste de compétitions à faire au moins une fois dans sa vie.
L'UTMB, l'ultra-trail du Mont-Blanc est de celles-là. Le trentenaire a bouclé la course mythique l'année dernière. "Ce sont deux courses totalement différentes : l'UTMB est une course très sportive, où l'élite mondiale est présente, mais qui n'est pas très technique, décrit-il. Pour la Réunion, on a pas le droit aux bâtons, c'est très dur et ça demande un entraînement spécifique". En attendant le mois d'octobre et les chaleurs tropicales de La Réunion, entre deux services, c'est sur l'or blanc de Val Thorens que Fabien court... tous les jours.
Reportage de Grégory Lespinasse et Cédric Picaud, avec Jean-Pierre Ardito et Gilles Neyret :