Les candidats à l'élection présidentielle doivent obligatoirement recueillir 500 parrainages d'élus. Mais dans les petites communes, on observe une certaine réticence des maires à accomplir cette démarche. Au 3 février en Auvergne-Rhône-Alpes, on compte seulement 99 parrainages de maires sur un total de 170.

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C'est un décompte qui parle de lui-même : au 3 février, la région Auvergne-Rhône-Alpes affichait 170 parrainages au compteur du conseil constitutionnel, dont seulement 99 maires. (lien ici pour retrouver tous les parrainages validés par le conseil constitutionnel).

Et certains départements brillent par la faiblesse de leur mobilisation : 7 parrainages dans l'Ain dont 4 maires, 4 en Haute-Loire dont 1 maire. Dans le Rhône et la Métropole de Lyon, on compte 40 parrainages dont seulement 7 maires.

Martin Sotton fait partie de ces rares édiles. Pour ce jeune maire MoDem très bien élu à Thizy-les-Bourgs (Rhône) en 2020 avec 72,8% des suffrages, il n'y avait pas de question à se poser. Son parrainage en faveur d'Emmanuel Macron s'est imposé comme " une évidence".

J'ai travaillé à l'Assemblée nationale avec la majorité présidentielle (...) la population connaît mes convictions

Martin Sotton, maire MoDem de Thizy-les-Bourgs

De fait, cet ancien assistant parlementaire de l'emblématique sénateur de centre-droit Michel Mercier explique n'avoir eu aucun retour, positif ou négatif, de la part de ses administrés.

Alors comment expliquer la faible mobilisation des autres maires ? S'il se garde bien de les juger, il avance deux pistes : le détachement de beaucoup d'entre eux de la politique nationale, et la volonté de ne pas politiser la vie municipale en particulier dans les toutes petites communes.

Monsieur le maire a choisi de ne pas choisir

Une analyse pleinement confirmée par un autre maire fraichement élu à Salles-Arbuisonnas-en-Beaujolais, localité de 800 habitants. Stéphane Parizot (sans étiquette) nous explique assumer...  ne pas accorder de parrainage pour cette élection présidentielle. 

Dans une commune de moins de 1000 habitants, prendre position pour un candidat, en particulier un candidat à l'aura sulfureuse, c'est prendre le risque de se priver d'une partie du conseil municipal. Alors oui, j'assume. Je privilégie mes intérêts de maire

Stéphane Parizot, maire de Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais

Car Stéphane Parizot nous explique que dans son exécutif municipal, il compte des représentants de toutes les tendances de Zemmour à Mélenchon, mais que tout ce petit monde travaille en « co-construction» et en bonne intelligence pour le bien de la commune. Un liste vraiment "sans étiquette"... ou avec toutes les étiquettes, c'est selon.

Le paradoxe, c'est que, quand des membres du conseil municipal lui ont posé la question de son éventuel parrainage, tous ont soutenu son choix de ne rien faire. " Alors que tout le monde s'accorde, et moi le premier, sur le fait que ne soutenir personne peut apparaître comme anti-démocratique."

Changement d’époque et mort des étiquettes

Pour la directrice de l'association des maires et des présidents d’intercommunalités de la Drôme, Christine Priotto, le glissement vers cette situation de frilosité des maires n’est pas étonnant.

Dans les années 70-80, les maires étaient élus avec des étiquettes. Pour faire des listes aux municipales, on piochait dans les rangs des militants, on en rajoutait quelques autres et on avait des listes

Christine Priotto, directrice de l'association des maires et présidents d'intercommunalités de la Drôme

Puis la vie locale s’est dépolitisée et, reconnaît volontiers cette ancienne maire PS de Dieulefit, les partis politiques se sont vus affublés d’une «très mauvaise image».  Désormais, la plupart des listes dans les petites communes –ce qui est très majoritairement le cas dans la Drôme- sont dites «d’entente communale».

Une entente qu’un affichage partisan viendrait rompre à coup sûr. Pour Christine Priotto, les maires des petites communes n’ont plus le profil de militants, ce sont les «maires de tous les habitants».

Problème ou faux problème ?

Alors la situation présente est-elle vraiment un problème pour les candidats ? Pour Martin Sotton, de Thizy-les-Bourgs, «elle pose question». Pour Stéphane Parizot de salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, la clé est peut-être à chercher du côté de la non-confidentialité des parrainages.

Christine Priotto est plus cinglante : «Je ne suis même pas sûre que ce soit un vrai problème. Ils nous font le coup à chaque élection. En plus, beaucoup d’autres élus ont le pouvoir de soutenir les candidats : parlementaires, conseillers départementaux, régionaux...»

D’ailleurs, au 3 février, le Rhône et la Métropole de Lyon avaient «donné» quarante parrainages dont 33 venant de non-maires, en grande majorité de conseillers métropolitains ou départementaux. Des personnalités bel et bien élues avec des étiquettes de partis.  

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