Le 21 février 2017 à Lempdes (63), la mère du petit Lilian, 4 ans, découvrait à son domicile le corps inanimé de son fils. Quelques instants plus tard, son compagnon était placé en garde à vue pour des faits de violences aggravées. Il est aujourd’hui poursuivi pour meurtre.
C’est après avoir reçu un coup de fil de son compagnon l’informant que son fils venait de tomber dans l’escalier et avait fait un malaise, que la mère du petit Lilian, 4 ans, a fait une tragique découverte, le 17 février 2017, à Lempdes, dans le Puy-de-Dôme. De retour chez elle, elle a en effet retrouvé le corps de l’enfant inanimé sur son lit. Un corps qui présentait de multiples lésions et ecchymoses. Admis au service de réanimation du CHU de Clermont-Ferrand, le petit garçon, d’une extrême maigreur, décédait quelques heures plus tard des suites d’un traumatisme crânien sévère.
Rapidement le beau-père de Lilian, à qui elle avait confié son fils alors qu'elle devait se rendre à un rendez-vous médical et qui avait quitté le domicile familial en compagnie des deux autres enfants du couple, âgés de 18 et 5 mois, était interpellé et placé en garde à vue. Un beau-père bien connu des services de police pour de nombreux faits de violence.
« Ce drame n’était pas inévitable »
Poursuivi pour meurtre sur mineur, cet homme aujourd’hui âgé de 26 ans, devra s’expliquer dès le lundi 12 octobre devant la cours d’assises du Puy-de-Dôme sur la mort du petit Lilian. Une mort qui, trois ans après les faits, pose bien des questions. « Tout l’enjeu de ce procès est de savoir quelles sont les causes qui ont présidées à ce drame, explique maître Anne-Laure Lebert, avocate du père de Lilian. D’emblée, ce que je souhaite dire, c’est que ce drame n’était pas inévitable. Tous les signaux d’alerte étaient au rouge ».Car ce qu’ont rapidement découvert les enquêteurs, c’est que dans l’entourage de Lilian, tout le monde semblait être au courant du calvaire que subissait l’enfant. A commencer par son père qui a tout tenté pour le sortir de là.
« Quand il a découvert les violences que subissait Lilian, au moment où il est venu le chercher pour un droit de visite, il a pris son fils et ne l’a jamais ramené, poursuit maître Lebert. Il est immédiatement allé à la gendarmerie pour déposer plainte ainsi qu’au centre hospitalier pour faite constater les hématomes sur le corps de son fils qui avait alors deux ans ».
"Défaillances dans la chaîne de l’organisation
de la protection de l’enfance"
S’ensuit une procédure devant le juge des affaires familiales qui lui permet d’obtenir la garde de Lilian. « Mais contre toute attente, un an plus tard, les gendarmes sont venus récupérer le petit et l’ont rendu à sa mère, déplore l'avocate, sans que la plainte qu’il avait déposée pour les violences commises sur son enfant n’ait été instruite ».
Quatre mois avant sa mort, le petit Lilian est donc retourné vivre auprès de sa mère, mais aussi de son beau-père. « Force est de constater qu’il y a eu des défaillances dans la chaîne de l’organisation de la protection de l’enfance qui ont abouti au décès de Lilian sous les coups de son beau-père, s’indigne Myriam Guedj Benayoum, avocate de l’association Innocence en danger, partie civile. Plusieurs signalements ont été faits, de différences instances, que ce soit l’hôpital, l’école, où l’enfant était souvent absent, ou encore le père de l’enfant qui a essayé de crier haut et fort que son fils était battu… Mais personne ne l’a entendu, personne n’a entendu les signalements et cet enfant est resté complétement terrorisé dans cet appartement en huis clos avec ce beau-père qui le martyrisait. Et il a fini par en mourir ».
Un drame qui reflète une terrible réalité : en France, un enfant décède de maltraitance de sa famille tous les 5 jours. Un drame sur lequel le beau-père de Lilian va devoir s'expliquer durant les trois jours de son procès d'assises, tout comme la mère de l'enfant, poursuivie pour sa part pour non assistance à personne en danger.