On les imagine volontiers sur des terres exotiques, et pourtant, les orchidées poussent aussi en Auvergne. Une soixantaine de variétés y a même été recensée. Des espèces que chacun peut découvrir au gré de ses balades.

"C'est incroyable ! Sur le terrain, c'est vraiment une superbe année !" s'exclame Romain Legrand, du Conservatoire d'Espaces Naturels d'Auvergne (CEN). "Et pourtant, il y a trois semaines, cela ne s'annonçait pas très bien, il faut l'avouer. Mais les grosses pluies qui sont tombées ont sauvé la saison. Aujourd'hui, tout est fleuri, c'est magnifique !". La saison, c'est celle des orchidées. On en trouve 59 espèces en Auvergne, et en ce moment, elles sont presque toutes en fleurs.
 

Alors, pour le curieux qui se promène à pied, c'est l'occasion de les chercher, et de les admirer. Sur la colline de Mirabel, près de Riom, sur les coteaux, près de Combronde ou à Saint-Myon, elles sont là. Romain a pu les apercevoir lors de son retour sur le terrain. "De nombreux pieds ont fleuri, et ils sont vraiment très beaux, les plantes sont de belle taille !" Sur ces coteaux secs, comme les coteaux calcaires de Limagne, on peut trouver près de 30 espèces différentes en Auvergne. D'autres préfèrent les prairies humides d'altitude, comme l'orchis tachetée ou l'orchis de mai. Enfin, les dernières ont élu domicile en montagne, mais là, la floraison est pour un peu plus tard, en juin-juillet.

Mai, le mois de l'orchidée

En ce moment, la période est idéale : on peut presque toutes les voir. Les précoces, comme l'ophrys araignée ou l'ophrys pourpre sont encore là, même si elles commences à faner. Toutes les autres ophrys sont elles en pleine fleur, des plus discrètes, l'ophrys bourdon, l'ophrys bécasse ou l'ophrys mouche, qui ne dépassent pas les 10 cm de hauteur, aux plus exubérantes, comme l'ophrys pyramidale, grande et flashy grâce à son rose qui attire l'oeil, même au milieu des hautes herbes, ou l'orchis homme pendu qui doit son nom à sa fleur dont la forme est très évocatrice. "Sur la colline de Mirabel, on peut en trouver une dizaine d'espèces au même endroit ! C'est parfait pour ceux qui veulent s'entraîner à les chercher."
 

Si elles sont tellement nombreuses, quel est leur point commun ? Qu'est-ce qui fait qu'une orchidée... est une orchidée ? Sa structure d'abord : "C'est une plante qui a des feuilles assez longues, charnues, pleines d'eau, et aux nervures parallèles. Au début du printemps, c'est juste une petite rosette puis une ou plusieurs tiges poussent. C'est là que s'épanouiront les fleurs. C'est d'ailleurs elles qui les distinguent des autres plantes, leurs fleurs sont toutes sur le même modèle : 3 sépales, 3 pétales, et la plante est totalement symétrique, quelque soit l'espèce d'orchidée" explique Romain

Une reproduction épique

Cela ne les empêche pas d'avoir quelques singularités, dans leurs formes notamment. Des formes qui parfois nous rappellent celles d'insectes, dont elles tirent d'ailleurs leurs noms : une astuce ingénieuse pour permettre à ces plantes de se reproduire. Car si certaines se multiplient en produisant de nouveaux bulbes dans le sol et donc de nouveaux pieds d'orchidées, la reproduction sexuée existe aussi. Et ce n'est pas une mince affaire ! Chez les ophrys, la fleur imite un insecte particulier (bourdon, mouche...) au niveau de la forme et de l'odeur pour l'attirer. "Celui-ci se pose sur la fleur et chope un petit sac de pollen sur l'organe mâle, puis il va sur une autre fleur et le dépose sur l'organe femelle.... , raconte Romain. Cela va former une graine, mais ce mode de reproduction est beaucoup plus compliqué et aléatoire. Car la graine, une fois tombée et emmenée par le vent, doit ensuite trouver un champignon spécifique à l'espèce pour se développer. Sans lui, la graine ne germera pas et meurt." Il suffit donc que l'un des éléments ne soit pas au rendez-vous pour que cette reproduction soit un échec.
 
 

Orchidées : on regarde, mais on ne touche pas

Malgré cela, toutes les orchidées ne sont pas protégées. Certaines sont même relativement communes, et peuvent se trouver dans des jardins ou le long des chemins, comme l'orchis pourpre ou l'orchis bouc, qui doit son joli nom à l'odeur qu'elle dégage. En Auvergne, seules 17 espèces d'orchidées, sur les 59 présentes, sont protégées. Et ces espèces, les plus menacées, sont aussi les plus rares. Parmi elles, la spiranthe d'été, une orchidée des milieux humides que l'on ne trouve que sur un seul site en Auvergne, dans le Cantal. "Je ne l'ai jamais vue, avoue Romain Legrand. Pour moi, elle reste un mystère." L'épipogon sans feuille et la racine de corail sont elles aussi protégées : ces deux orchidées sont des espèces à éclipses, qui ne fleurissent pas systématiquement chaque année. "On les trouve en altitude, dans les hêtraies du Sancy et du Cantal. Certaines années, on n'en voit aucune et l'année suivante, on en trouve beaucoup..."

Pour protéger ces espèces menacées, une seule solution : il faut protéger leurs milieux. "Cela dépend des espèces : pour celles qui vivent sur des coteaux secs, il faut maintenir un environnement ensoleillé, chaud et lumineux, ce sont les conditions nécessaires à leur survie et leur développement. Il faut donc y garder des clairières, débroussailler régulièrement et pourquoi pas y installer des pâturages. Certes, les moutons peuvent éventuellement les manger, mais elles repousseront car lce mileu sera propice à leur développement. Si on rend la nature à la nature, elles pourraient manquer de lumière ou de chaleur." Un raisonnement qui est inversé pour les espèces forestières, où les interventions de l'homme doivent être réduites au minimum. Car dans ce cas, comme bien souvent, la nature se débrouille très bien toute seule. 
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