Cette année, avec la sécheresse intense, les éleveurs ont dû trouver des solutions pour nourrir le bétail sans déroger aux règles imposées par le cahier des charges de l’AOP du Bleu d’Auvergne.
En Auvergne, il faut se lever tôt pour obtenir l’ingrédient principal d’un fromage : le lait. Certains sont connaisseurs. Nicolas Cussac produit près de 700 000 litres de lait. Un tiers du liquide est dédié à la fabrication de fromages notamment du bleu d’Auvergne, mais avec la sécheresse, il a alimenté ses vaches différemment. « Notre système fonctionne exclusivement à base de foin, un mélange de foin naturel et de foin artificiel à base de luzerne », explique cet agriculteur du Puy-de-Dôme. Le cahier des charges de l’AOP bleu d’Auvergne est très précis. Les vaches doivent avoir 150 jours de pâturage dans l’année et 70% d’herbes naturelles en nourriture. Mais avec des terrains presque brulés, il a dû s’adapter. « Cette année mise à l’herbe s’est fait comme d’habitude mais, très vite, il a fallu complémenter les animaux. Suite à la sécheresse, il n’y avait pas assez d’herbe disponible. C’est une ressource à gérer. On a dû complémenter les animaux pour ne pas avoir de déficit énergétique. »
S'adapter à un nouveau lait
Avec la chaleur, les vaches ont également produit moins de lait. Mais cela n’impacte pas la production, ni la traditionnelle fête du Bleu d’Auvergne dans le Puy-de-Dôme. Ici, les visiteurs ont pu assister à une fabrication et, malgré un lait différent, le maître-mot reste toujours l’adaptation, comme l’explique Jean-Louis Galvaing, technicien de l'AOP bleu d'Auvergne : « C’est vrai en période de sécheresse lorsqu’il fait très chaud mais c’est aussi vrai en période d’hiver : la nourriture des animaux change. Les animaux sont à l’intérieur et il faut s’adapter à ce type de lait. Le lait va changer, c’est vrai pour tout fromage. Les fabricants s’adaptent mais ils y sont formés. »
Des dérogations
Quelque 1 200 producteurs font partie de l’AOP. Le syndicat du bleu d’Auvergne va déposer une demande de dérogation en septembre pour des achats de nourritures hors de la zone auprès de l’INAO et réfléchit aussi à des solutions pour l’avenir, indique Pierre Bernoux, président de l'AOP Bleu d'Auvergne : « On est en train de travailler sur notre cahier des charges pour pouvoir le faire évoluer et que, demain, on ne soit pas tout le temps en train de demander des dérogations en période de sécheresse. Le cahier des charges n’est plus adapté aux conditions climatiques ». Mais cela prendra du temps. Malgré les nuages, le bleu d’Auvergne a toujours la côte. Près de 25 000 visiteurs sont attendu ce week-end.