L’EHPAD du petit village de Saint-Anthème, dans le Puy-de-Dôme, est au bord de l'asphyxie financière. Résultat : l’établissement risque de disparaître. Le maire et les résidents se battent pour écarter la menace de fermeture.
Ils voulaient vieillir à Saint-Anthème mais ce ne sera probablement pas le cas. L’EHPAD de ce petit village du Puy-de-Dôme est menacé de fermeture. En effet, désormais toutes les structures de moins de 50 lits, dont celle de Saint-Anthème, doivent fermer et se regrouper à Ambert, à 20 km de là. Un crève-cœur pour les 16 résidents du petit EHPAD. “Ici, on se connaît tous. Tandis qu’une fois à Ambert…. Non, ça ne me plairait pas”, s'émeut une résidente.
“Ça joue sur le moral”
Pour Georges Morison, maire de ce village de 700 âmes, la fermeture de cet EHPAD est impensable. “Si vous les enfermez dans un local où ils ne connaissent pas leurs voisins, ni leur environnement, c’est presque un assassinat de faire ça pour moi, dénonce-t-il. C’est fort ce que je dis mais c’est vrai”.
Dans cet établissement de proximité, chaque résident a pris ses marques et profite aussi souvent que possible de la présence de sa famille. Comme Jean-Antoine Fougerouse qui est venu rendre visite à sa mère, Raymonde. Il confie : “Je suis un habitant de Saint-Anthème. Si elle était dans un établissement à une vingtaine de kilomètres d’ici, j’irais certainement moins la voir”. La résidente ajoute : “Ça joue sur le moral parce qu’on se sent moins seuls et entourés”.
Plus de 150 000 euros de dette
Mais ce monde idéal ne tiendra que si les finances suivent. Malheureusement, l’établissement est très endetté. De l’emprunt de 140 000 euros contracté en 2014 auprès du CCAS, il n’a pu rembourser que 20 000 euros. D’autre part, le bâtiment n’est pas encore totalement payé, soit 50 000 euros en plus de la dette d’emprunt.
Le maire s’inquiète du sort de l’EHPAD. “J’ai peur pour l’avenir, craint l'élu. Tous les mois sont difficiles. Un jour, on est en déficit. Un autre jour, on ne peut pas payer nos fournisseurs. Pérenniser cet établissement, c’est lui permettre de vivre financièrement. Nous ne fixons pas les prix à la journée, c’est le département”.
Dans le département du Puy-de-Döme, les EHPAD de Saint-Amant-Roche-Savine, Olliergues et Viverols seraient aussi concernés par cette menace de fermeture. Le maire attend la réponse de sa demande d’aide auprès du département. Le sursis demandé pour satisfaire les injonctions de l’ARS (Agence Régionale de Santé) est à l’étude. Grégory Dolé, directeur de la délégation départementale de l'ARS dans le Puy-de-Dôme, précise : "On a observé des écarts par rapport à la réglementation. Nous les avons donc signalés au gestionnaire. On lui demande de mettre en place des mesures pour se mettre en conformité. Si tel est le cas, il n'y a pas de remise en cause de l'autorisation. On laisse le temps à la structure de prendre connaissance de ses écarts et d'essayer d'y apporter des solutions".
L’EHPAD envisage d’ouvrir une micro-crèche pour continuer à exister. L’établissement joue son avenir en ce moment. Et il ne tient plus qu’à un fil.