A Clermont-Ferrand, SOS Amitié recrute en raison du manque de bénévoles. Depuis le confinement, les appels se multiplient et ces victimes de la solitude doivent pouvoir trouver quelqu’un à qui parler au bout du fil.
« SOS Amitié bonjour ! » : il est à peine 10 heures, dans les locaux de l’association SOS Amitié de Clermont-Ferrand que Gabriel, bénévole depuis 20 ans, en est déjà à son 4e appel. « Ca n’arrête pas. Ce sont des gens qui sont seuls avec un problème, sinon ils n’appelleraient pas. On essaye de savoir ce qui se cache derrière cette solitude. En général, ça leur fait du bien de raconter ça. Il y a des jeunes, des personnes âgées, de tout. » Il reçoit en moyenne 4 appels par heure de personnes en détresse qui cherchent de l’écoute et du soutien. « Je suis une hypersensible », lui confie par exemple une femme au téléphone. Gabriel est souvent très touché par les appels qu’il reçoit : « C’est très dur quand on doit quitter l’écoute. Je veux rester sur quelque chose de positif. En général, au bout de 20 minutes, les gens reviennent au début. Heureusement, il y a des appels qui sont sympathiques et réconfortants. Je suis toujours le même. Je ne suis pas psychiatre, j’essaye de trouver avec les gens des choses qui ne vont pas trop mal, leurs moments de paix. Si jamais je peux les accrocher et leur faire parler de ce qui leur plaît, alors là, c’est un moment de grâce. »
"Je suis persuadé que je soulage les gens rien qu’en les écoutant"
Toutes les semaines pendant 16 heures, il écoute ceux qui souffrent : pensées suicidaires, violences familiales ou simple confession. « On est présents 24/24h chez SOS Amitié. On sait que ça fait du bien aux gens. Je suis persuadé que je soulage les gens rien qu’en les écoutant, d’ailleurs ils me disent merci. C’est comme ça que je sais que j’ai bien écouté. » Depuis le confinement les appels venus de toute la France se multiplient. Pourtant, malgré la demande croissante, les bénévoles manquent à l’appel. Sur 4 appels reçus par cette ligne d’écoute, un seul est assuré en moyenne. Se confronter à tant de souffrance peut faire peur, mais pour Gabriel, c’est une véritable vocation. « La personne qui appelle ne sait pas vers qui se tourner, c’est pour cela qu’elle vient ici. Moi, je suis prêt à recevoir ça. Elle me dit ce qu’elle veut. Si elle m’engueule, c’est qu’elle a besoin de ça et ce n’est pas grave. C’est bien que je sois là. Je suis présent pour me faire engueuler ! » Malgré la charge émotionnelle, Gabriel se reconnaît un peu dans chaque appelant.
Des formations pour écouter
Il faudrait au moins 50 personnes, à l’écoute et investies comme ce bénévole dans l’association, pour assurer les appels. Il n’y en a que 35 actuellement. SOS Amitié recrute et recherche de bons écoutants : « D’abord, il faut être désintéressé et savoir que, soi-même, on s’est senti mieux après avoir été écouté. C’est quelque chose que l’on trouve dans son propre vécu. Il faut laisser parler et être empathique. Il faut se laisser aller à être chaleureux », conseille Gabriel. Pour être prêt, l’association propose une formation encadrée par des psychologues : « Les gens appréhendent ce qu’ils vont entendre et se demandent s’ils sont capables de tout entendre sans agir. C’est un exercice qui se fait avec la parole, les gens ne sont pas habitués à ça, nous ne sommes pas forcément dans une société d’écoute. Il faut s’intéresser à l’autre. Un appel, c’est la vie. Pour apprendre, il y a une série d’entretiens, ensuite une formation où les gens travaillent entourés par des psychologues et des psychiatres. Ensuite il y a toute une période de double appel où la personne va simplement écouter un ancien qui a plus d’expérience. Il y a à peu près 6 mois entre l’arrivée et la prise d’appel seul », indique Christian Dietz, vice-président de l’antenne SOS Amitié de Clermont-Ferrand. Pour toucher un plus large public et répondre à une demande de plus en plus forte, surtout chez les jeunes, SOS Amitié a même mis en place un tchat sur son site en ligne. Chaque année, pas moins de 17 000 appels sont enregistrés à Clermont-Ferrand.